Majors pétrolières
En 2019, les douze plus grandes compagnies pétrolières mondiales (cotées en bourse, exceptée la saoudienne Saudi Aramco) ont vu leurs bénéfices baisser de 40,4 %, totalisant 63,9 Md$ contre 107,3?? Md$ en 2018, selon leurs résultats financiers compilés par l’agence d’information Anadolu. Les américaines ExxonMobil, Chevron, ConocoPhillips, Halliburton, Schlumberger, Baker Hughes, la britannique BP, l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, la française Total, l’italienne Eni, la russe Rosneft et la norvégienne Equinor ont toutes ployé l’échine en un an, les bénéfices s’exprimant toutefois en milliards de dollars. Leur chiffre d’affaires cumulé a avoisiné 1,29 billion de dollars l’année dernière, en baisse de 8,5 %. C’est Royal Dutch Shell qui s’en sort le mieux, affichant le bénéfice net le plus élevé (15,84 Md$) devant ExxonMobil (14,34 Md$) et Total (11,83 Md$). Tous ont justifié leur sous-performance en évoquant le repli des cours du brent, qui s’est vendu en moyenne à 64,37 $ le baril en 2019, soit un recul de 9,6 % par rapport à 2018. L’année 2020 démarre mal. La mise à l’arrêt de la première puissance manufacturière mondiale et deuxième consommateur mondial d’or noir a littéralement plombé la demande de pétrole, entraînant les prix vers les bas-fonds. BP estime notamment que la situation pourrait coûter quelque 500 000 barils par jour cette année. La croissance de la consommation, jusqu’à présent prévue à 1,2 million de barils supplémentaires par jour en 2020, serait alors inférieure à 1 million. La surcapacité menace. La production augmente aux États-Unis, en Norvège et au Brésil. L’Opep, qui a déjà revu plusieurs fois son niveau de production, ne disposerait plus de « munitions » pour soutenir les prix.
Le coronavirus n’est pas le seul élément qui rende l’environnement pétrolier volatil. Il est aussi sous pression du ralentissement économique généralisé, du contexte géopolitique incertain, de la pression sociétale et de la méfiance des investisseurs. Les « stranded assets », qui touchent les actifs pétroliers et gaziers, leur ont déjà coûté quelques milliards. Si les majors veulent garder leurs actionnaires, elles sont condamnées à bien les rémunérer tout en devenant plus « renouvelables ». Une gageure. Les exploitants de tankers, eux, ont fait le plein en fin d’année, mais l’avenir est tout aussi aléatoire…
Ce panorama n’est évidemment pas exhaustif. Les choix ont été dictés par la disponibilité des résultats financiers, leur implantation géographique et leur poids dans le secteur.