Rompus à la volatilité, les marchés agricoles donnent néanmoins le mal de mer tant ils sont chahutés par le vent de panique qui souffle en ce début d’année.
Les séances agitées, où les cours ont atteint des niveaux très élevés, se sont succédé.
Après près de deux ans de guerre commerciale féroce entre la Chine et les États-Unis, à coups de droits de douane punitifs réciproques sur des centaines de milliards de dollars de biens, qui a affecté durement l’économie chinoise et pesé lourdement sur les échanges de denrées agricoles, les ennuis volent en escadrilles en ce début d’année.
La signature d’un accord entre les deux géants économiques de la planète, en offrant une trêve aux sanctions commerciales, portait l’espoir de doper les achats de produits agricoles américains par Pékin, et notamment de soja. La Chine s’est en effet engagée à acheter pour 36,5 Md$ de produits agricoles en 2020. Passent encore les intempéries affectant les rendements, la peste porcine, la sécheresse australienne, voilà que se déclare en Chine une crise sanitaire qui met à l’arrêt l’activité du premier consommateur de matières premières au monde. Avec la crainte de contaminer toute l’économie mondiale, fonctionnant déjà au ralenti.
Dans ce contexte, les cours restent sous pression dans l’attente de commandes chinoises de plus en plus hypothétiques. Même s’il faudra attendre pour évaluer les dommages du coronavirus sur l’économie chinoise.
En France, les opérations répétées « ports morts » de la CGT Ports et docks ont mis en péril les contrats à l’export bien que les ports de La Pallice (La Rochelle), un des principaux ports céréaliers français, Rouen et Dunkerque n’aient pas totalement été bloqués.
Les mouvements sociaux sont d’autant plus fâcheux que l’origine France, bénéficiant d’un regain de compétitivité-prix, commençait à reprendre pied chez des importateurs étrangers, ayant basculé ces dernières années en faveur des blés russes.
Sur la base d’une estimation de 1,5 Mt de céréales qui sortiraient chaque mois des ports français, dont 1 Mt de blé, Jean-François Lépy, référent logistique pour Intercéréales et représentant, au sein de l’interprofession, du Synacomex (Syndicat national du commerce extérieur des céréales), estimait les chargements perdus de trois jours de grève entre 500 000 et 700 000 t.