Avec seulement 2,9 MEVP manutentionnés, le transport de conteneurs maritimes sur les ports de l’axe Seine ploie l’échine. Le repli de 3,5 % par rapport à 2018, soit un manque à gagner de 108 000 EVP, est en grande partie imputable aux grèves de la fin de l’année 2019, comme le justifie un communiqué, la traditionnelle conférence de presse annuelle ayant été ajournée en raison des mouvement sociaux.
Au cours du seul mois de décembre, 52 escales de porte-conteneurs ont été annulées, représentant une perte estimée à 50 000 EVP. C’est cependant le trafic de transbordement qui a le plus souffert, avec un recul de 72 000 EVP, soit 9,5 % de moins qu’en 2018. Les conteneurs pleins à destination de l’hinterland restent quant à eux stables, avec 1,7 MEVP.
Une source de satisfaction dans ce contexte en repli: la part modale du fluvial continue de gagner du terrain, qui passe de 9,5 % à 9,9 %. Mais c’est surtout celle du ferroviaire qui détonne en atteignant 4,7 % contre 3,8 % en 2018. Le port de Gennevilliers voit ainsi son trafic conteneurisé augmenter de 13 % en 2019. La progression est plus importante encore pour le terminal multimodal du Havre, où sont massifiés les conteneurs de Port 2000 pour être chargés sur trains ou barges: le trafic y atteint 184 000 EVP en 2019, soit 18 % de plus qu’en 2018.
Bonnes moissons à Rouen
Les transports fluviaux sont d’ailleurs globalement en progression sur l’axe Seine. Pour l’Île-de-France, toutes filières confondus, ils augmentent de 13 % et dépassent 25 Mt, un tonnage que le Port autonome de Paris n’avait plus connu depuis près de trois décennies. Les 140 000 conteneurs maritimes acheminées jusqu’en Île-de-France par transport fluvial en 2019 constituent un record historique, avec une progression de 19 % par rapport à 2018. D’autres filières affichent de bonnes performances fluviales, au premier rang desquelles, sans surprise, les matériaux de construction, portés par les chantiers du Grand Paris, ainsi que les céréales, qui bénéficient des bonnes récoltes 2018 et surtout 2019.
Ces moissons abondantes se répercutent sur l’activité de Rouen, où les exportations maritimes de céréales ont augmenté de 9,3 % pour atteindre 8,3 Mt, le deuxième plus gros tonnage des vingt dernières années. Le trafic maritime de Rouen totalise 23,5 Mt en 2019, soit 2,5 % de plus qu’en 2018. « Après une année 2018 marquée par la diversification, 2019 se caractérise par une meilleure compétitivité sur les trafics socles du port, estime Pascal Gabet, directeur général du port de Rouen. L’approfondissement du chenal, qui nous a permis d’accueillir des navires de très forts tirants d’eau, profite ainsi à différentes filières: les céréales atteignent notamment des records, tandis que les exportations de produits pétroliers augmentent de 15 %. »
Les liquides en vrac au Havre
L’activité du port du Havre, pénalisée par la baisse des trafics conteneurisés, encaisse aussi la chute (52 %) des tonnages de charbon, essentiellement liée à l’arrêt définitif de la centrale thermique, programmé par EDF pour 2021, dont les approvisionnements se tarissent par anticipation.
Les vracs liquides n’atteignent que 46 Mt en 2019, soit 7,5 % de moins qu’en 2018. Les produits pétroliers et gaz (25 Mt) progressant de 2 %, ce sont les importations de brut qui expliquent la baisse du segment vrac liquide. Les raffineries Total de Gonfreville-l’Orcher et Exxon-Mobil de Port-Jérôme-Gravenchon ont connu des arrêts techniques programmés pour maintenance. De février à juillet 2019, la raffinerie de Grandpuits (Île-de-France) a quant à elle été fermée suite à une fuite, ce qui a entraîné l’arrêt des expéditions par pipeline depuis Le Havre. En décembre dernier, c’était au tour de la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher de subir un incendie, ce qui a entraîné un nouvel arrêt de production qui devrait durer une dizaine de mois.
« Au-delà des arrêts conjoncturels, cette décroissance des trafics liés aux énergies carbonées est appelée à se poursuivre du fait de la transition énergétique, appelant l’ensemble portuaire à dynamiser les filières relais de croissance », rappelle Haropa, anticipant dans son plan stratégique 2020-2025 un recul de 2 % de ces filières. Force est de constater que les relais de croissance n’ont pas joué leur rôle au cours de l’année 2019.