Depuis le début de l’année, le 5e armement mondial, avec 7,2 % de la capacité conteneurisée, compose plutôt mieux que ses concurrents avec les aléas de la conjoncture. Entre septembre 2018 et 2019, le résultat avant intérêts et impôts a plus que doublé, de 299 à 643 M€. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements est passé de 812 M€ à 1,5 Md€ et le résultat net, de 13 à 297 M€.
« Malgré les tensions géopolitiques et les restrictions commerciales, nous avons bénéficié de volumes de transport plus importants et de meilleurs taux de fret, tout en surveillant de près nos coûts », a commenté Rolf Habben Jansen, le CEO de Hapag-Lloyd. Une litote. Depuis le début de l’année, les observateurs se livrent aux micros ouverts pour dire que l’approche du dirigeant « priorise la rentabilité plutôt que la quête de parts de marché ».
Quoi qu’il en soit, la stratégie semble œuvrer… À l’issue des neuf mois de l’année, Hapag-Lloyd a dégagé un chiffre d’affaires de 9,5 Md€, soit un milliard de plus que fin septembre 2018, non pas tant grâce à des flux en hausse car leur croissance reste limitée (+ 1 %), mais en raison d’une bonne tenue des taux de fret moyen (+ 4,2 %), à 1 075 $ par EVP transporté. En revanche, les dépenses d’exploitation de son poste Transport ont augmenté de 3,5 %, du fait de l’évolution du coût moyen de ses soutes, à 425 $ la tonne.
Facture carburant lestée
En volume, la route Europe-Asie, qui représente 20 % des 9 MEVP transportés durant les neuf premiers mois de l’année, concentre sa plus forte croissance (+ 11 %), mais ses revenus plafonnent à 922 $/EVP. Effet « guerre commerciale » en cours entre la Chine et les États-Unis ou pas, le marché transpacifique (16 % des flux transportés en neuf mois) est atone (0 %) mais ses revenus sont en hausse de 7 %, valorisés à 1 328 $.
Sur le marché latino-américain – sa première destination en volume (2,11 MEVP transportés en neuf mois) – la croissance est faible (2 %), mais chaque EVP transporté rapporte 1 156 $. La meilleure valorisation – 1 374 $/EVP – est observée sur la route transatlantique, dont les flux sont en croissance de 7 %. Les flux intra régionaux en Asie ont dévissé de 15 %, imputables sans doute au « réalignement stratégique » annoncé par le transporteur allemand, qui a fait le ménage dans ses services.
Lors de la présentation, Rolf Habben Jansen a précisé que sa flotte serait équipée à hauteur de 15 % de scrubbers. Il contraste en cela avec ses concurrents. L’on comprend donc mieux son empressement à taxer ses clients. Depuis le 1er décembre, l’Allemand applique en effet une surcharge pour compenser l’écart de prix entre le fuel lourd (HFO) et à faible teneur en soufre (LSFO), requis pour être aux normes de la réglementation sur la teneur en soufre de carburant. Moyennant une consommation de 350 000 t mensuelles, la facture devrait s’alourdir de 90 M$ par mois !
Alors que les rumeurs bruissent à Hambourg, le PDG de Hapag-Lloyd a rejeté la moindre probabilité d’une fusion avec le Japonais One. En attendant, les sociétés contrôlées par Klaus-Michael Kuehne continuent d’acheter un peu plus de capital. Elles détiennent désormais 29,2 % du capital de Hapag-LLoyd et s’imposent en tant que principales actionnaires.