Les trafics entre l’Asie et la côte est de l’Amérique du Sud (ECSA en anglais) sont assurés par quatre lignes hebdomadaires. Leur fonctionnement rationalisé permet aux chargeurs de répondre rapidement aux fluctuations de l’offre et de la demande. La principale conséquence porte sur les tarifs de fret, plus stables que ceux d’autres lignes. « Le commerce de conteneurs entre l’Asie et la côte est de l’Amérique du Sud est l’enfant modèle de la volatilité, alors qu’il subit d’énormes fluctuations de la demande mensuelle et des tarifs de fret, souligne une étude qu’a publiée Drewry fin septembre. Malgré cela, les transporteurs sont parvenus à enrayer les grandes variations de tarifs et à les maintenir dans des limites acceptables. »
La route a subi un repli de 17 % de son trafic au cours des trois premiers mois de l’année avant de se redresser (+ 6 %) au deuxième trimestre. « Sur les 26 trimestres écoulés depuis début 2013, les flux en direction du sud ont augmenté à 15 reprises et diminué à 11 reprises », observe Drewry. La progression du deuxième trimestre de cette année est due à une reprise du trafic entre l’Asie et le Brésil. Cependant, le marché a été freiné par la faiblesse des échanges commerciaux avec les pays du cône sud de l’Amérique latine, Uruguay, Paraguay et surtout Argentine. Cette dernière, prise dans une sérieuse crise économique et financière, a réduit considérablement ses importations. Drewry considère que le flux Asie-ECSA ne devrait pas voir sa demande augmenter.
2 300 $ par 40 pieds
En revanche, les perspectives sont meilleures pour la route du retour, du fait des retombées de la guerre commerciale que se livrent États-Unis et Chine. De janvier à juillet, elle a fait un bond de 22 %, grâce notamment aux exportations de viande réfrigérée et de fruits et légumes pour lesquels la Chine cherche d’autres fournisseurs que les seuls États-Unis.
Ainsi, les accords sur les exportations de viande de bœuf argentines vers la Chine ont été récemment revus, ouvrant la possibilité d’expédier des viandes de plus haute qualité. Les exportations de porc ont elles aussi fortement progressé, du fait de la peste porcine qui ravage le cheptel chinois.
Selon Drewry, le chargement des navires reliant l’Asie à l’ECSA a atteint un taux de 96 % de mai à juillet et un très respectable 72 % pour le retour. Et cette embellie s’est poursuivie jusqu’en septembre, avec des tarifs atteignant les 2 300 $ par 40 pieds. Le consultant ne croit guère à une croissance du trafic sur cette ligne pour cette année. « Ce qui n’incitera pas les compagnies à proposer de nouveaux services », regrette l’étude, mais « en maintenant un contrôle strict de l’offre, il est possible d’augmenter les taux de fret aussi longtemps que la demande ne faiblira pas. »