Les ports et compagnies maritimes positionnés sur les exportations de viande et d’abats de porc peuvent se frotter les mains. Premier consommateur, premier importateur mondial en volume avec 1,5 Mt en 2018, la Chine va encore accroître ses achats dans les mois à venir. Elle est pourtant également le premier producteur au monde avec 53,4 Mt en 2017, loin devant l’UE, à 23,67 Mt. Mais, depuis un an, elle est confrontée à une épidémie de peste porcine africaine qui ne cesse de s’étendre et a gagné les pays voisins. Suite aux abattages massifs opérés pour tenter de juguler sa propagation, son cheptel porcin était en juillet en baisse de 32,2 % par rapport à 2018 et le prix du porc s’est envolé de près de 70 %.
Sur les huit premiers mois, les importations chinoises ont ainsi atteint 1,33 Mt, soit une hausse de 43,6 %, et elles pourraient dépasser les 2 Mt sur l’année. Une aubaine pour l’UE et le Brésil d’autant que le Canada est actuellement hors-jeu. Quatrième fournisseur de la Chine en 2018, il a interdiction d’y exporter depuis juin pour des raisons sanitaires. En fait, il s’agirait d’une mesure de représailles à l’arrestation de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei. Parvenu au 3e rang l’an dernier, le Brésil compte, depuis septembre, 64 opérateurs autorisés à exporter en Chine et le principal, JBS, a vu ses ventes y croître de près de 80 % lors du dernier trimestre. Le port de Paraguana pourrait tirer son épingle du jeu.
150 000 tonnes exportées de France
L’UE, elle, y a augmenté ses exportations de 45 % sur le premier semestre et tous ses membres en profitent. En premier lieu, l’Espagne enregistre un grand bond en avant de 90 % qui va lui permettre de reprendre la place de 1er fournisseur de la Chine devant l’Allemagne et à Barcelone et Valence d’en profiter. Quant au principal producteur français, Cooperl, il annonce une hausse de 60 % de ses ventes tandis que les exportations totales de la France pour 2019 devraient avoisiner 150 000 tonnes contre 100 000 à 110 000 tonnes précédemment. Le Havre devrait accroître ses trafics.
Malgré les 74 % de taxes frappant leurs exportations de porc, les États-Unis ont eux aussi noté un rebond en septembre. Elles vont vraisemblablement exploser suite à l’accord commercial signé le 11 octobre qui prévoit que la Chine achètera 40 à 50 Md$ de produits agricoles américains.
Cette forte demande de la Chine ne va pas s’arrêter de sitôt. Les analystes estiment qu’il lui faudra deux à trois ans, voire quatre, pour ramener son cheptel au niveau d’avant l’épidémie. Par ailleurs, impossible de savoir quand la maladie sera à nouveau sous contrôle. D’autant que la Corée du Nord suscite des interrogations en n’ayant déclaré qu’un seul cas. Or, depuis peu touchée, la Corée du Sud a identifié la maladie sur de nombreux sangliers à leur frontière commune. Le pays de Kim Jong-un pourrait donc être gravement touché et, faute de mesures adéquates, s’avérer une source de contamination durable pour ses voisins.