Rien ne va plus pour Vard, la filiale norvégienne du constructeur naval italien, affaibli par les trop nombreuses fluctuations du marché du gaz et du pétrole qui se répercutent sur la production d’unités offshore. Pour redresser les chantiers norvégiens, le géant de la construction navale Fincantieri, qui avait finalisé son rachat fin 2018 (95-99 %) a décidé d’injecter 90 M€ via une augmentation de capital.
En revanche, le groupe public italien se désintéresserait du site de Aukra et envisagerait de le céder d’ici la fin de l’année, selon des indiscrétions relayées par la presse norvégienne et corroborées par des sources concordantes, qui font toutes état d’un carnet de commandes désespérément vide. Avec Langsten, Soviknes, Brattvaag et Brevik, Aukra est l’un des cinq établissements de Vard en Norvège. Selon les mêmes sources, le site, qui emploie 80 personnes, devrait fermer ses portes après avoir bouclé les deux dernières commandes. Des contacts seraient toutefois déjà établis pour une reprise. « Il s’agit d’un moment particulièrement délicat. Révéler des informations pourrait compromettre toute solution de reprise. La situation pourrait toutefois évoluer rapidement avant la fin de l’année », a confié une source proche du groupe. Sur le plan social, les messages sont sans ambiguïté à ce jour: pas de suppression d’emplois. Les salariés auront tous la possibilité d’être reclassés dans un site du groupe.
En 2017 et 2018, Vard a accumulé les pertes, de 24 M€ et 200 M€ respectivement. L’été dernier, Fincantieri n’avait pas caché que le chantier traversait une passe particulièrement difficile. Le groupe avait également évoqué la complexité de certaines unités en construction. Une allusion, selon la presse spécialisée italienne, à la construction des paquebots haut de gamme dits d’expédition, qui seraient trop peu rentables comme l’a également souligné l’Italien dans son rapport semestriel publié le 30 juin dernier.
Pour rappel, Vard est issu de l’ancienne division Offshore &Specialized Vessels du groupe norvégien Aker Yards, passée en 2008 sous la bannière du Sud-coréen STX Offshore &Shipbuilding (STX OSV). En 2013, Fincantieri avait pris le contrôle de STX OSV en faisant l’acquisition de 50,75 % des parts de l’entreprise, rebaptisée Vard. En mars 2017, l’OPA de l’italien s’était limitée à une augmentation de capital de 55,63 % à 74,45 %, ne lui permettant pas de sortir l’entreprise de la bourse de Singapour. Ce qu’elle a finalement concrétisé en prenant complètement la main en fin d’année dernière.