Vérifier l’état des navires avec un drone sous-marin autonome, c’est la promesse de Notilo Plus. La start-up a signé avec CMA CGM un accord de coopération technique. Le n° 4 mondial du transport conteneurisé est particulièrement intéressé par l’intelligence du système.
« Une offre unique sur le marché », insiste Nicolas Gambini, qui a vu au CES de Las Vegas « beaucoup de robots mais qui ont tous un fil à la patte ».
Nicolas Gambini est, avec Benjamin Valtin, l’un des cofondateurs d’une start-up créée en 2016 à Grenoble sur la base d’un drone sous-marin de loisir, qu’ils ont nommé iBubble. La société s’est implantée fin 2018 à Marseille, où elle a transféré son siège social, hébergée au sein de l’accélérateur Zebox de la CMA CGM, qui compte désormais 20 locataires. Sans doute le n° 4 mondial du transport conteneurisé donnera-il une impulsion au second marché que vise la jeune société: un drone professionnel pour l’inspection d’infrastructures sous-marines dans les domaines civil, militaire ou scientifique.
Appliqué aux navires, Seasam, pendant professionnel d’iBubble, protégé par trois brevets, permettra d’automatiser les inspections de coques et bien davantage grâce à l’intelligence de son pilotage et à ses capacités de collecte et de traitement de données.
Une gageure technologique, explique l’ingénieur Supélec. « Contrairement au drone aérien, sous l’eau, ni ondes hertziennes, ni wifi, ni infrarouge ne passent. Notre système est donc doté d’une électronique complexe et d’intelligence artificielle. Il se repère, se déplace et évite les obstacles grâce à un système acoustique, une batterie de capteurs et une caméra équipée d’un algorithme de reconnaissance d’image en temps réel ».
Après avoir levé 800 K€ en 2017 et 1,9 M€ en 2018, la star-up vient de boucler un 3e tour de table de 1,75 M€ auquel a participé CMA CGM, via son fonds CMA CGM Ventures, s’attribuant 5 % du capital de Notilo Plus. Mais l’intérêt est ailleurs pour Nicolas Gambini, qui a signé avec l’armateur un contrat de développement pour une solution sur mesure. Actuellement, les cofondateurs, toujours majoritaires, sont aussi liés par des partenariats technologiques avec EDF et Technip FMC.
Un prototype industriel devrait être prêt d’ici un an. Une fois au point, il sera facturé 9 100 € H.T l’unité.
La start-up a déjà livré 155 unités de la version loisirs (4 500 €) depuis le lancement en février de la production réalisée à Joinville (Haute-Marne) et elle a plusieurs centaines de précommandes. Ce qui lui permet d’entrevoir un chiffre d’affaires de 1,5 à 2 M€ dès 2019 (29 salariés).
Intégrité et sécurité
« Le produit nous intéresse pour plusieurs raisons, explique Xavier Leclercq, vice-président de CMA Ships. La première est la performance hydrodynamique des navires. La propreté de la coque est à cet égard un élément déterminant pour l’efficience énergétique. Avec, à la clé, une économie de 2 % sur les 45 000 t de carburant que consomme un navire. Pour cela, on inspecte tous les 6 à 8 mois les coques pour vérifier leur propreté, l’état des hélices… et pour déclencher si besoin un nettoyage. La technologie de Notilo permettra de le faire sans fil et de se géolocaliser dans un environnement où il est difficile de se repérer ».
Avec ses capacités de reconnaissance et d’analyse des données, l’armateur y voit aussi la faculté d’avoir un image très précise de la coque. Dans certains ports mal dragués, elle peut subir des déformations qui, au-delà d’une certaine limite, mettent en danger le navire. Enfin, il pourrait être bien utile pour détecter dans les zones à risque si des esprits malveillants n’ont pas collé des « choses ».
« Nous avons signé un accord pour un pilote avec participation aux frais de développement », détaille le responsable de la flotte, intéressé pour influencer l’intelligence du système. Une dizaine d’unités seront testées sur des navires de tailles variées, dans des zones différentes. Les premiers sont en cours sur le Mont Ventoux ».