Selon la dernière estimation de l’organisation Coopératives agroalimentaires, qui rassemble 16 fédérations et union territoriales de coopératives agricoles espagnoles, la récolte de céréales devrait se situer aux alentours de 17,5 Mt en 2019, soit un net recul (– 27,3 %) par rapport au résultat de 2018 (24,1 Mt). En Espagne, 85 % de la production de céréales est réalisée sur des terres non irriguées. « Il y a eu peu de pluies au printemps mais l’élément le plus déterminant a été le niveau élevé des températures: les racines n’ont pas pu compenser l’évaporation par l’eau du sol » explique Antonio Catón, directeur du département des cultures herbacées des Coopératives agroalimentaires. Les niveaux de récoltes sont scrutés par le monde portuaire. L’Espagne est un pays structurellement déficitaire en céréales et les fluctuations de la production déterminent le niveau des importations. En 2018, le trafic de céréales et de leurs farines a totalisé 18,7 Mt, dont 14,7 Mt à l’importation, et 26,9 Mt avec l’alimentation animale et les fourrages (8,1 Mt), soit plus du quart du trafic total des vracs secs (102 Mt en 2018).
Tarragone, le leader
Alors que certains trafics de vracs secs sont en déclin annoncé (charbon) ou menacés par la conjoncture (minerai de fer, ferraille), celui des céréales intéresse tout particulièrement les ports espagnols. Vingt-sept d’entre eux traitent les flux céréaliers mais deux se distinguent nettement. Tarragone fait figure de leader (5,2 Mt en 2018, alimentation animale incluse). « La Catalogne, l’Aragon, une grande partie de la Navarre et l’Est de la Castille concentrent 40 % de la production espagnole d’aliments pour animaux: Tarragone est la porte d’entrée pour les matières premières » affirme-t-on à l’Autorité portuaire de Tarragone (APT). Le port peut compter sur la présence d’opérateurs de référence, offre des infrastructures de qualité (2 quais dédiés, 230 000 m2 de superficie de stockage couverte) et un haut niveau de productivité.
Sur la côte Nord, plusieurs ports traitent les vracs agricoles mais celui de La Corogne distance les autres (2,3 Mt en 2018). Les nouvelles installations du port extérieur de Langosteira, où a été transférée la moitié du trafic, offrent une profondeur de quai de 22 m. Les trois opérateurs (Nogar, Perez Torres et TMGA) y proposent 90 000 m2 de stockage dédié aux céréales. Le transfert du reste des flux reste subordonné à la concrétisation du projet de connexion ferroviaire (6,5 km), dont le financement (estimé à 130 M€) n’a pas été encore défini.