Après 15 ans de discussions, la Convention sur la gestion de l'eau de ballast s'appliquera aux navires neufs et anciens à compter du 8 septembre. Tous les navires doivent être équipés d’un système de traitement de façon à éviter la prolifération d'espèces aquatiques potentiellement invasives.
Depuis 2004, date de l’adoption par l’OMI de la Convention internationale sur le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires (BWM), le sort des passagers clandestins – bactéries, micro-organismes, algues et espèces animales que les navires embarquent lors du remplissage ou vidange des eaux – est soldé. Depuis son entrée en vigueur le 8 septembre 2017, l’organisme international réglementant le transport maritime impose aux navires neufs (soit quelque 1 000 unités par an) d’être équipés d’un système de filtrage des eaux qu’ils pompent et rejettent de façon à éviter les contaminations des organismes vivants.
En 2019, cette obligation a été étendue à l’ensemble des navires, donc ceux construits avant 2017, soit environ 50 000 unités.
La mise en conformité de l’ensemble de la flotte s’étalera donc jusqu’en 2024. Cette disposition avait été obtenue à la demande de six pays et des associations représentant les armateurs des vracs secs et liquides, Intercargo et Intertanko. Selon les professionnels, le pic de la mise en conformité se situera probablement entre 2020 et 2022.
En devenant obligatoire, un marché s’est créé autour des technologies de gestion de ballast, diverses et variées, mais exigeant une certification OMI dont les procédures d’approbation et de délivrance sont longues et coûteuses pour notamment éprouver « l’efficacité et l’innocuité pour le milieu marin ». 59 entreprises ont reçu une approbation de base et 43 sont définitivement approuvées. Une troisième liste distingue 76 entreprises qui ont obtenu un agrément via l’administration de l’État membre. Ainsi de Bio-UV, la seule entreprise française, a priori, à être certifiée (cf. notre entretien page suivante). L’entreprise de Lunel (Hérault), fondée en 2000 et cotée sur Euronext Growth depuis juillet 2018, est aussi l’une des 14 à bénéficier d’une accréditation de l’US Coast Guard (USCG), les États-Unis disposant de leur propre réglementation, plus contraignante.
Équipement ou envoi à la ferraille?
Quatre traitements des eaux, inspirés de méthodes à terre, tiennent la corde: les technologies mécaniques (filtration, séparation), le traitement physique (stérilisation à l’ozone, ultraviolets), la méthode chimique (électrochloration) ou encore le thermique.
Les sociétés qui les portent sont majoritairement chinoises (dont des filiales de Cosco), japonaises et sud-coréennes (parmi celles-ci, des poids lourds, Samsung Heavy Industry et Hyundai Heavy Industry). En Europe, au rang de la vingtaine d’entreprises, figurent des références du secteur, telles Wa¨rtsilä, Damen, Alfa Laval…
Rien que pour la technologie par ultraviolets, dont est spécialiste l’entreprise française, le marché mondial est estimé par GWI Global Water à 1,5 Md€ par an jusqu’en 2024, date à laquelle le parc sera installé.
Toutefois, « les prix nettement plus élevés des soutes en raison de l’OMI 2020, combinés aux investissements nécessaires dans les systèmes de traitement de l’eau de ballast, pourraient pousser les propriétaires à mettre à la ferraille plutôt qu’à faire les investissements en raison de la faiblesse du marché », prédit la société de courtage et de conseil Poten&Partners.
Adeline Descamps