« Je ne me hasarderai pas à faire un pronostic, se défend Nicolas Le Corre, économiste chez Xerfi. DSV, qui bénéficiait du soutien des actionnaires et de financements, semble en effet le seul à être si offensif. « Il peut y avoir des mouvements défensifs mais alors sur des acquisitions de taille intermédiaire ». Le français Geodis visait un temps un acteur en Allemagne et lorgnerait sur des opportunités en Amérique du Nord et en Chine. XPO Logistics semblait aussi courir derrière des acquisitions, avant d’être rattrapé aux États-Unis par une enquête judiciaire révélant, selon les médias américains, « des déclarations trompeuses couvrant ses difficultés financières et son incapacité à réaliser de nouvelles acquisitions en dépit de promesses répétées ».
Chez les spécialistes du freight forwarding, les réactions sont plutôt diverses. DB Schenker vient d’annoncer une prise de participation (24 M€) dans la société américaine uShip, à la fois bourse de fret et plateforme d’intermédiation entre chargeurs et transporteurs. DHL, Kuehne+Nagel et Geodis ont développé leur propre portail numérique. D’autres se sont associés à des transitaires numériques selon un deal gagnant/ gagnant. « D’un côté, nous donnons aux PME un accès facilité à des partenaires logistiques pour gérer leur import-export, de l’autre, nous fournissons des volumes aux logisticiens », résume une de ces start-up, dopées au financement du capital-risque (les montants investis avaient atteint 600 M$ fin 2018). Parmi les plus en vue, Flexport, iContainers, qui a la particularité d’offrir un service de porte-à-porte ou encore Freightos, qui a signé son premier partenariat avec CMA CGM. « Grâce aux ventes de CMA CGM sur Freightos, les petits chargeurs ont un accès direct à un grand transporteur à des prix et à une capacité garantis. Nous aidons les prestataires logistiques à créer plus de valeur pour les clients, permettant un commerce mondial plus fluide, un approvisionnement plus fiable et plus abordable pour les consommateurs finaux », annonçait Freightos lors du lancement.
Coopérer avec Alibaba et Amazon? Gare aux alouettes. « Les prestataires logistiques risquent d’être relégués au rang de simples exécutants au sein d’écosystèmes logistiques où les leaders du e-commerce seraient les acteurs pivot », note Nicolas Le Corre.
