« Le regroupement nous permet d’éviter le scénario destructeur de la concurrence interportuaire »

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Journal de la Marine Marchande (JMM): Avec le regroupement, vous dirigez trois ports clés. Quelle vision avez-vous pour l’avenir concernant ces trois sites qui ont chacun leurs spécificités?

Emilio Signorini (E.S.): La réforme a permis de redimensionner le panorama des autorités portuaires, et surtout d’optimiser les investissements et les travaux au niveau des infrastructures. La stratégie du regroupement, c’est cela: cibler les investissements et ne pas éparpiller les ressources pour arriver à une série de ports ayant les mêmes spécificités. Débloquer des ressources et concocter des plans de remise en ordre des infrastructures identiques pour tous les ports n’a aucun sens. L’idée est d’éviter à tout prix la concurrence entre les ports italiens et, au contraire, de se lancer dans la course avec les ports étrangers. C’est une question de gestion économique et de ligne politique. Le regroupement permet aussi de dresser une sorte de carte des interventions prioritaires en tenant compte des vocations de chaque site. En ce qui nous concerne, le regroupement de Gênes, Savone et Vado-Ligure nous permet d’avoir toutes les caractéristiques d’un port moderne, chaque site apporte au groupe ses compétences. Le bilan est remarquable: nous balayons tous les secteurs, des conteneurs aux marchandises, des croisières aux ferries sans oublier les activités industrielles.

JMM: Le système portuaire parfait, en quelque sorte, qui va vous permettre de conserver votre rôle de port leader à l’échelle italienne et peut-être d’améliorer votre position sur la scène internationale?

E.S.: C’est certain. Le regroupement nous permet d’éviter un scénario destructeur, celui de la concurrence interportuaire, c’est-à-dire entre trois sites voisins. Durant les dernières années, Savone a amélioré ses résultats mais le regroupement va lui permettre de renforcer et développer son potentiel. Replié sur lui-même, c’est-à-dire seul, ce port ne pouvait pas améliorer ses performances. Pour consolider notre position et renforcer nos résultats en dehors de nos frontières, il va falloir mettre en place un plan de remise en ordre. Je pense par exemple à la construction de nouveaux quais, mais en tenant compte de la physionomie de chaque port. Il va falloir en gros coordonner les activités et les dépenses.

JMM: Au chapitre des travaux, où en êtes-vous?

E.S.: Nous avons en l’état actuel trois grands projets qui doivent être terminés. D’abord la ligne à grande vitesse qui devra relier les ports de la Ligure aux principales lignes ferroviaires du nord et de l’Europe. Puis un brise-lames, et enfin la nouvelle bretelle d’autoroute qui reliera le port de Gênes à la partie Ouest de la ville. Nous devons aussi terminer quelques travaux en cours comme la plate-forme de Vado-Ligure et les passages qui permettront aux navires de 16 000 EVP à 18 000 EVP de jeter l’ancre dans le port d’ici à 2019.

JMM: Quelles sont vos priorités pour chacun des trois ports que vous dirigez?

E.S.: En ce qui concerne Gênes, il faut consolider le positionnement du port dans le secteur conteneurs. En mars, le port a battu son propre record mais nous pouvons toujours faire mieux. Idem pour les ferries, l’autre point fort du port de Gênes. Je souhaite profiter de la mise en place du nouveau plan régulateur pour éviter le chevauchement entre les ports. Gênes, par exemple, traverse une période de crise au niveau des liquides, des solides et des vracs. Il faut redresser la barre. Gênes et Savone doivent se concentrer sur les activités les plus rentables. Les vracs liquides et solides, sous cet angle, sont importants. La plate-forme de Vado, qui devra héberger les grands navires, va automatiquement permettre au port de Savone d’améliorer ses performances. Nous sommes bien positionnés à Gênes et Savone dans le secteur des croisières. Pour le reste, nous verrons au fur et à mesure.

JMM: Au niveau des marchandises, avez-vous le sentiment qu’il faut relancer certains types de trafics et revoir les destinations, toujours pour améliorer vos performances?

E.S.: On a toujours un peu tendance à mettre la zone méditerranéenne en retrait. Quelle erreur! Des contacts ont été établis entre Gênes, Marseille et Barcelone qui sont des ports forts du point de vue des trafics de conteneurs. Je pense par exemple au rendez-vous important Intermed Gateways que nous essayons d’organiser cette année à Gênes, à l’automne prochain, après Marseille l’an dernier. Il sera organisé en collaboration avec le port de Marseille. L’an dernier, quelque 24 ports de la zone méditerranéenne ont participé à ce forum. Un événement et une participation extraordinaire qui démontre l’importance du rôle que peuvent jouer ces ports sur le marché international.

JMM: Quel avenir a le transport en Méditerranée, comment peut-on augmenter le trafic?

E.S.: En fait, notre idée de base est d’affronter les nouveaux défis du marché et de construire une alternative solide par rapport aux ports de l’Europe du Nord en misant sur la Méditerranée. Tout en tenant compte bien sûr des scénarios politiques dans cette région du globe. À Gênes, certains opérateurs desservent des routes pour le moins difficiles. Je pense à l’Iran, l’Éthiopie, la Somalie, ce qui nous permet d’avoir une certaine expérience sur ces terrains. Toutefois, je ne suis pas un expert de politique internationale, aussi nous devons trouver des analystes sérieux et au fait de la situation dans les régions situées sur la Méditerranée. Avec la présidente de l’autorité portuaire de Marseille, nous estimons que les ports ont un potentiel beaucoup plus intéressant que le fer, la route par exemple. Le transit dans les ports est nettement plus dense. Il y a un échange commercial beaucoup plus important. Nous devrons aussi approfondir le potentiel commercial en Méditerranée. Le scénario est identique à celui que j’imagine pour l’Italie, il faut penser aux synergies et établir le principe de la collaboration entre ports qui permet de faire de grandes choses et de devenir plus importants sur la scène européenne et internationale. En l’état actuel nous ne sommes pas un bloc, mais nous sommes une opportunité intéressante.

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