L’Italie renforce son dispositif en matière de sûreté portuaire

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Selon les services secrets transalpins, des combattants de Daesh venus de Syrie pourraient s’infiltrer dans le flot des clandestins pour traverser la Méditerranée. Du coup, le ministère de l’Intérieur a décidé de sécuriser les ports considérés comme la grande porte d’entrée en Europe via l’Italie. L’idée est d’intensifier les contrôles sur les véhicules et les passagers aux points d’embarquement notamment dans les grands ports croisiéristes comme Civitavecchia (Latium), par exemple, et Gênes. Chaque port devra aussi renforcer rapidement ses propres dispositifs de sécurité, ce qui implique des investissements importants au niveau des infrastructures. « Le système de sécurité dans les ports a été démoli par les coupes budgétaires. Face à la menace djihadiste, le gouvernement doit immédiatement annuler son projet de suppression des équipes de gendarmerie maritime et des sites navals de l’armée des carabiniers », a déclaré Daniele Tissone, secrétaire général du syndicat de police Silp-Cgil.

Des contrôles affaiblis par les coupes budgétaires, c’est ce que vient de souligner le rapport annuel publié par l’institut de recherche Legambiente. « L’Italie est le pays européen qui a le plus grand nombre de kilomètres de côtes, soit 7 456 km, et pourtant les contrôles sont insuffisants », assène Antonio Pergolizzi, responsable du rapport de Legambiente. À titre d’exemple, en import et export, le volume annuel de trafic de conteneurs est estimé à 10 MEVP. « Les vérifications concernent seulement 150 000 conteneurs, soit 1,5 % du volume de trafic global. L’Italie est dans la moyenne européenne, mais avec quatre mafias œuvrant sur tout le territoire, un surplus de contrôles est indispensable », analyse Antonio Pergolizzi.

« Une véritable passoire »

Ponctuellement, l’agence des Douanes fait état de saisies en tout genre: amiante, drogue, armes, trafics de fausses huiles d’olive « vierge extra » et de vinaigre balsamique de contrefaçon. Et en coulisses, certains comparent le réseau portuaire a une véritable passoire. « Il faudrait plus de personnel, mais depuis dix ans nous ne pouvons plus recruter », déplore Rocco Burdo de l’agence des Douanes. L’an dernier pourtant, le nombre de contrôles sur les conteneurs a augmenté de 4 % mais c’est encore insuffisant. Le rapport de Legambiente souligne l’existence d’un véritable cercle vicieux. « Il faudrait augmenter les contrôles, et pour cela investir afin de recruter du personnel et améliorer les instruments. Mais un surplus de surveillance pourrait pousser les grandes compagnies à se retourner vers des ports plus souples notamment en termes de bureaucratie, le mammouth qui dévore le système italien », constate l’institut Legambiente.

Alors que faire? « Renforcer la sécurité pour contourner la menace terroriste et les trafics, assouplir la bureaucratie pour ne pas nous faire plomber par la concurrence aguerrie des grands ports européens, investir », prône Pasqualino Monti, président d’Assoporti, l’association des autorités portuaires. Ce vaste programme, que le ministère de l’Intérieur et celui des Transports et des Infrastructures veulent mettre en place pour freiner une éventuelle percée terroriste via la mer, passe par le déblocage de quelques enveloppes. Or sur ce point, les deux ministères ne sont pas très bavards.

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