Durant les quinze dernières années, le volume de trafic de marchandises a bondi de 123 %, et celui du trafic naval passant par Mare Nostrum de 19 % contre 15 % en 2005. Autre point important: le nombre de passagers transitant entre le canal de Suez et le golfe Persique a augmenté de 339 %. Avec 204,4 Mt, l’Italie est le premier pays de l’Union européenne pour le volume de transport de marchandises dans le secteur du short sea shipping en Méditerranée, et le troisième au chapitre de la gestion des trafics avec 460 Mt. Le secteur maritime est estimé à plus de 43 Md€ et génère quelque 800 000 emplois. Enfin, 45,7 % du trafic de conteneurs passent par les ports du Mezzogiorno, et 47 % du trafic de marchandises globales. Et, cerise sur le gâteau, 60 % des échanges effectués, toujours dans le Mezzogiorno, le sont par voie maritime.
Trois éléments essentiels
Rédigé par l’observatoire permanent sur l’Économie des transports maritimes et de la logistique de SRM, l’institut d’études et de recherches sur le Mezzogiorno, ce rapport explique, chiffres à l’appui, les grands phénomènes qui ont modifié les équilibres logistiques et portuaires européens, et italiens en particulier. À commencer par trois éléments essentiels d’un point de vue stratégique. D’abord la mise en place d’une stratégie ciblée pour favoriser l’intégration du système des infrastructures et de de l’intermodalité. Puis les mesures adoptées pour stimuler les investisseurs étrangers en sponsorisant les free zones. Enfin, le changement de conception de la logistique désormais perçue comme essentielle pour le développement du Mezzogiorno car susceptible d’attirer l’attention des investisseurs. « Ce rapport confirme le bon taux de croissance des activités en Méditerranée et souligne le rôle grandissant de cette zone d’un point de vue stratégique et économique. Il nous permet aussi de comprendre que l’élargissement du canal de Suez pourra avoir un impact extrêmement positif sur le commerce maritime et, en rebond, sur l’économie italienne notamment pour la partie Sud de la Péninsule », estime l’économiste et banquier Maurizio Barracco.
Durant la présentation du rapport, plusieurs personnalités du monde de la finance italienne sont intervenues. « L’économie maritime est d’une importance fondamentale pour notre banque. La finance joue un rôle essentiel dans l’économie maritime, car nous soutenons par exemple les armateurs, mais aussi les entreprises spécialisées dans la logistique », a déclaré Franco Gallia, directeur régional de l’institut Intesa Sanpaolo. Pour sa part, Paolo Scudieri, président de l’institut de recherche SRM, a affirmé que les entreprises qui produisent ont besoin d’une filière maritime, portuaire, logistique et aussi de la présence des opérateurs du transport maritime. « Cette filière doit être efficace, compétitive et capable de s’insérer dans les grandes lignes des trafics maritimes. Avec l’adoption de la nouvelle réforme portuaire qui ne saurait désormais tarder, le système devrait devenir nettement plus performant à commencer par la filière », a affirmé Paolo Scudieri. Soit, mais le problème, comme l’ont d’ailleurs souligné d’autres participants, est que cette fameuse réforme n’a toujours pas été adoptée par le Parlement nonobstant les pressions de nombreux opérateurs de secteur. « Tout le temps que nous avons perdu a servi les intérêts de nos concurrents, notamment en Europe du Nord et dans le sud de la Méditerranée, car ils en ont profité pour renforcer leurs investissements dans des secteurs stratégiques comme celui des infrastructures », a ajouté Paolo Scudieri.
La situation devrait changer
Aux dernières nouvelles toutefois, la situation devrait changer, le document sur la réforme actuellement à l’étude de la commission parlementaire des Infrastructures et des Transports devant renvoyer le texte pour la discussion finale devant les députés aux alentours du 10 juillet. « Cela veut dire que la réforme entrera en vigueur d’ici à la fin de l’été, que dans la foulée les présidents manquants d’une dizaine d’autorités portuaires actuellement placées sous le contrôle d’un commissaire extraordinaire seront nommés, et que le système portuaire italien pourra finalement affronter la concurrence des autres pays avec les armes justes », estime un expert sous couvert d’anonymat.
Pour Massimo Deandreis, directeur général de SRM, l’Italie et les ports du Mezzogiorno devraient jouer un rôle important au titre de hub stratégique avec la mise en place d’une nouvelle ligne maritime partant de l’Europe et passant par la canal de Suez, le Golfe et l’Asie via la Méditerranée.