« Nous prévoyons l’arrivée de quantités massives de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’exportation, alors que dans le même temps la demande va continuer à mollir dans les pays traditionnellement utilisateurs », a déclaré le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, lors de la présentation du rapport à moyen terme sur le marché du gaz, le 8 juin. Ces tendances contradictoires vont avoir des conséquences sur les flux de GNL et maintenir les prix sur le marché spot sous pression, a continué le directeur exécutif de l’AIE. Le rapport à moyen terme sur le marché du gaz de l’AIE (Medium Term Gas Market Report) présente et analyse des projections de l’évolution de l’offre, de la demande et des flux de gaz naturel entre 2016 et 2021. Au cours de cette période, l’AIE estime que la demande mondiale de gaz devrait augmenter de 1,5 % chaque année au lieu de 2 % prévu dans le précédent rapport publié en 2015. « Un ralentissement global de la demande d’énergies primaires et la réduction de l’intensité énergétique de l’économie mondiale amoindrissent la croissance de la demande pour tous les combustibles fossiles, y compris le gaz », explique l’AIE. Toutefois, la part du gaz dans le mix énergétique diminue « modestement » jusqu’en 2021, souligne l’AIE, par rapport au charbon et au pétrole.
Davantage de concurrence
Selon l’AIE, alors que la demande de gaz devrait rester faible, les exportations mondiales de GNL vont progresser sensiblement. Entre 2015 et 2021, la capacité mondiale de liquéfaction devrait grimper de 45 %, principalement aux États-Unis et en Australie. En 2021, l’Australie pourrait rivaliser avec le Qatar pour la place de premier pays exportateur de GNL au monde, tandis que les États-Unis ne seront pas loin derrière, avance l’AIE. Cette offre largement excédentaire devrait maintenir les prix du gaz spot sous pression à travers le monde. Le surplus de GNL pourrait avoir comme destination l’Europe, en raison de la flexibilité de son système de gaz et de son marché spot bien développé, continue l’AIE. Une « concurrence intense » pourrait se développer entre les producteurs de GNL pour conserver ou pour accéder à des clients européens. « Nous sommes au début d’un nouveau chapitre sur les marchés européens du gaz », a indiqué Fatih Birol. La situation sur les autres marchés devrait aussi évoluer, notamment en Asie où la demande devrait être également plus faible que prévue précédemment. Il devrait en être ainsi pour le Japon et la Corée, les deux principaux pays acheteurs de GNL au monde actuellement. Cela signifie que les pays exportateurs de GNL devront trouver d’autres marchés, sans doute en Chine, en Inde ou en Asie du Sud-Est. Cette évolution des pays importateurs de GNL devrait contribuer à accélérer une transition vers des structures contractuelles plus souples que les contrats de long terme, prévient l’AIE. Au final, cette agence conclut que « la période 2016 à 2021 pourrait apporter une refonte importante du commerce mondial du gaz ».