« Le ministère des Transports et des Infrastructures a fait un bon travail. Dommage que des retouches aient modifié des aspects essentiels. » Pour Pasqualino Monti, président d’Assoporti (l’association des ports italiens) et grand patron de l’autorité portuaire des trois ports du Latium (Civitavecchia, Fiumicino, Gaeta), il faut revoir les choses, et rapidement. C’est-à-dire cette partie du texte sur la réforme du système portuaire italien préparé par Maurizio Lupi, ancien ministre des Transports et des Infrastructures, puis revu et peaufiné par son successeur Graziano Delrio; une partie concernant l’autonomie des autorités portuaires, remise en question par le ministère de la Fonction publique, qui est intervenu dans le débat.
Depuis plusieurs semaines, le texte circule dans le milieu portuaire et fait couler beaucoup d’encre. D’abord, en raison du chapitre concernant le regroupement de certains sites pour redimensionner le nombre d’autorités portuaires et réduire les dépenses. Un point qui chagrine les autorités portuaires écartées de l’échiquier. Puis, des corrections effectuées au niveau des compétences des autorités portuaires.
Le cercle vicieux de la bureaucratie
« La partie réécrite par le ministère de la Fonction publique a réinséré les autorités portuaires dans la fonction publique et, par conséquent, dans le cercle vicieux de la bureaucratie », martèle le président d’Assoporti. Il explique que les autorités portuaires auront les mains liées. « À titre d’exemple, une autorité portuaire souhaitant constituer une société avec Trenitalia (les chemins de fer italiens, NDLR) pour relancer le fer dans un port, ne pourra pas le faire car toutes les décisions importantes seront centralisées », explique Pasqualino Monti.
Autre souci important pour Assoporti et, plus globalement, pour la plupart des opérateurs de secteur: le manque d’autonomie financière et d’instruments mis à disposition des autorités portuaires. Deux aspects qui pénaliseront l’évolution du rôle des ports dans la chaîne logistique, selon l’association. « L’idée de base était de reconnaître finalement le rôle spécifique et stratégique joué par le système portuaire italien. J’ai le sentiment qu’il n’en est pas ainsi », assène Pasqualino Monti. En revanche, ce quadragénaire, dont le mandat de président des trois ports du Latium expire le 7 juin et qui cible son renouvellement, souligne une note importante: l’approbation d’un plan stratégique du système portuaire et de la logistique qui inscrit finalement les ports italiens dans le réseau transeuropéen des transports. « Plusieurs aspects abordés dans le document sont des pas dans la bonne direction », estime Pasqualino Monti. À commencer par la simplification des procédures, le renforcement des pouvoirs du président des autorités portuaires, la réduction des organes. Puis, le regroupement de certains ports qui permet la création d’autorités portuaires plus importantes notamment pour affronter les exigences du marché et la concurrence.
Les discussions vont reprendre prochainement pour essayer de détricoter la partie indigeste du document. C’est du moins ce que promet le patron d’Assoporti. « Nous sommes le bras opérationnel des ports et nous contribuerons aux discussions comme toujours », déclare Pasqualino Monti. L’objectif est de repartir des points essentiels inscrits dans le document, notamment en ce qui concerne les parties réécrites par le ministère de la Fonction publique. Ce qui signifie l’essentiel du texte, s’agissant de l’autonomie des autorités portuaires.