Accord de Paris sur le climat: le transport maritime perdu en route

Article réservé aux abonnés

L’accord sur le climat signé à Paris à l’issue des négociations de la Cop 21 représente un succès en demi-teinte. En effet, le texte publié « voit apparaître pour la première fois l’océan, mais exempte de toute obligation le transport maritime », commente la fondation Surfrider Europe, association de protection de l’océan engagée tout au long de la Cop 21, avec ses partenaires de la Plateforme Océan Climat, dans des actions de sensibilisation afin que la question du maritime ne soit pas oubliée dans les négociations (communiqué du 14 décembre).

L’accord publié

Le paragraphe 13 du préambule mentionne « l’importance de préserver les milieux océaniques », mais l’article 3.20 sur « la nécessité d’adopter des mesures concrètes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires en développant des stratégies de basse émission », encore présent dans le projet d’accord du 5 décembre, a disparu de la version définitive.

Constatant cette disparition dans l’accord soumis à signature, le groupement Ecsa (European Community Shipowner’s Associations) et le Comité de la protection du milieu marin de l’OMI appelaient déjà dans un communiqué joint du 10 décembre au rétablissement de la mention, soulignant « l’importance de la prise en compte du transport maritime pour soutenir les efforts déjà engagés et donner les moyens à l’OMI de poursuivre des stratégies internationales plus ambitieuses dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) » (dans la continuité et le renforcement de mesures comme l’Environmental Ship Index-ESI, pour mesurer et réguler les émissions de GES, de SOx et NOx).

Un communiqué de l’International Chamber of Shipping (ICS), également daté du 10 décembre, déclare l’intention de « l’industrie maritime de poursuivre ses engagements dans l’effort de réduction des émissions de GES des navires quelle que soit l’issue des négociations de la Cop 21 ». Dans un second communiqué daté du 14 décembre, Peter Hinchliffe, secrétaire général de l’ICS, prenant acte de l’abandon dans le texte final de la mention du transport maritime, redit l’engagement des acteurs maritimes et insiste sur la nécessité de soutenir la dynamique de réduction des émissions à l’échelle mondiale: «  Le CO2 est un problème global, et l’industrie maritime est une industrie globale, la question doit être traitée à l’échelle internationale. » Il salue néanmoins les efforts réalisés lors des négociations à Paris en rappelant que « rien n’est perdu » et qu’il vaut mieux « pas de texte du tout qu’un texte bien pensant, creux et obscur qui aurait au final entravé les efforts de l’OMI ».

Réduction des émissions de GES des navires

Le transport maritime est certes le mode de transport le moins polluant en termes d’émission de CO2, mais c’est également le mode d’acheminement des marchandises dans le monde le plus important (90 % des marchandises sont acheminées par voie maritime), et il participe déjà à hauteur de « 2,5 % des émissions globales, proportion qui devrait s’élever à 17 % en calculant l’expansion du secteur d’ici à 2050 », rapelle Antidia Citores, responsable lobbying et contentieux de la fondation Surfrider Europe. Elle souligne que les armateurs européens, soumis à l’application de la directive de « surveillance, déclaration et vérification » adoptée par le Parlement européen le 28 avril et qui entrera en application en 2018, sont conscients que « participer à la pollution engage à participer à la solution ». Ils ont déjà engagé des travaux de mise en conformité de leur flotte en circulation (modifications des bulbes pour les adapter à la pratique du slow steaming) et investi dans des navires neufs intégrant les nouvelles normes prévues par la directive MRV. Ce système permettra de contrôler les émissions des navires circulant vers et depuis les ports européens, « entraînant selon une analyse d’impact une réduction des émissions maritimes européennes de près de 2 % d’ici à 2030 tout en réalisant 1,2 Md€ d’économies ». Les mesures concrètes de réduction des navires doivent s’appliquer internationalement et être mises en place par l’OMI pour être efficientes. C’est aussi une des revendications que la fondation Surfrider, aux côtés des armateurs européens, portait durant la Cop 21: « Fixer au sein de l’OMI une obligation internationale contraignante de réduction des émissions de gaz à effet de serre des navires à hauteur de 63 % d’ici à 2050 sur la base des émissions de 2005. »

Les acteurs du maritime trouvent ainsi dommageable que l’accord de Paris n’évoque pas au final ces mesures contraignantes sur les émissions de GES des navires ni sur les pollutions Nox et Sox.

La Cop 21 n’aura été qu’un premier pas, elle aura eu l’avantage de rendre évidente l’implication de la société civile non seulement dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais plus largement la prise de conscience active de la nécessité urgente de changer notre rapport à l’environnement.

Un lien naturel entre transport fluvial et défi climatique

Du 4 au 10 décembre, au Grand Palais, l’exposition Solutions Cop 21 a rassemblé des acteurs non-étatiques pour vivre l’expérience climat, découvrir et partager avec le grand public des solutions concrètes et déjà accessibles pour entrer dans la société post-carbone. Dans ce cadre, le 9 décembre, le Comité Provoideau a organisé une conférence sur « le transport fluvial face aux défis logistiques et climatiques du xxie siècle ». Didier Léandri, président du Comité Provoideau et président délégué général du Comité des armateurs fluviaux a déclaré: « Le lien entre le transport fluvial et le défi climatique est naturel. En termes de gaz à effet de serre et d’efficacité énergétique, le transport fluvial a démontré ses performances. Pour le CO2, il y a un facteur de quatre entre le transport routier de marchandises et le transport fluvial, et de cinq à six pour la congestion, le bruit et la sécurité/sûreté. Grâce à la massification, un convoi fluvial industriel représente 200 à 250 poids lourds en moins sur les routes. Le transport fluvial apporte ainsi une contribution décisive pour relever le défi climatique. » Le pavillon thématique « Mer Fleuve » au Grand Palais a servi à témoigner des solutions concrètes de ces deux modes de transport dans le cadre de la COP 21. La réaction du public sur le pavillon a été très positive, a indiqué Didier Léandri. Les visiteurs ont montré un intérêt pour le transport fluvial mêlant les images de la batellerie traditionnelle et des interrogations sur le peu de bateaux aperçus en train de naviguer sur les voies navigables. Les questions ont aussi été d’ordre professionnel, certains visiteurs s’interrogeant sur les solutions concrètes de transport qui pourraient être mises en œuvre par leur entreprise pour l’acheminement des marchandises.

Politique & réglementation

Règlementation

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15