Le sous-secrétaire d’État britannique aux Transports, Robert Goodwill, ainsi que de nombreux dirigeants de l’industrie maritime étaient présents à la cérémonie d’ouverture de la London International Shipping Week (LISW) le 7 septembre. Ils se sont retrouvés en réunion sous la présidence du secrétaire d’État, dès cette journée inaugurale. L’implication du gouvernement britannique est apparue clairement dans le fait qu’il avait commissionné un groupe de travail qui s’est penché pendant six mois, avec tous les acteurs du secteur, sur les moyens de renforcer le rôle de la capitale britannique comme cluster maritime et dont les résultats ont été rendus publics à la London Shipping Week. Le rapport final présente une série de recommandations pour favoriser l’orientation commerciale du Registre maritime britannique, des mesures à prendre pour développer la formation maritime et préconise de renforcer les campagnes de promotion visant à faire de la capitale britannique un centre maritime international.
Des voix dissonantes
Des voix se sont fait entendre pour critiquer la proposition du gouvernement britannique de revenir sur le statut « non-dom » (résidents non-domiciliés), accusant le gouvernement de « s’être tiré une balle dans le pied ». Cette disposition permet auxarmateurs étrangers installés au Royaume-Uni, tels que les London Greeks, de ne pas être imposés sur leurs revenus internationaux.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), Koji Sekimizu, a mis à profit la plate-forme que lui a offert son discours d’ouverture à la conférence annuelle de la Chambre du commerce maritime pour appeler toutes les nations représentées à ratifier la Convention internationale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires (convention BWM), adoptée par l’OMI en février 2004 pour protéger l’environnement.
Les navires sans équipage ne sont pas d’actualité
Les discussions ont également porté sur le transport maritime connecté (Smart Shipping) et l’utilisation des mégas données (Big Data) conjointes au développement des communications satellites, comme le récent réseau Inmarsat I-5, constellation de satellites de la compagnie Inmarsat qui développe des réseaux approuvés par le système mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM) et permet également de piloter des opérations à bord des navires, télécommandées depuis des bureaux à terre. Cependant, Christopher J. Wiernicki, président de l’International Association of Classification Societies (IACS), a rejeté l’idée de navires entièrement automatisés, sans aucune intervention humaine, pour deux raisons majeures. Selon lui, ces navires sans équipage posent « des contraintes pratiques, d’abord, comme la nécessaire intervention humaine en cas de déversement d’hydrocarbures, par exemple. Ils soulèvent ensuite des réticences psychologiques: les armateurs ne semblent pas prêts à confier leurs cargaisons à de tels navires, ni les responsables portuaires à les laisser entrer dans leurs ports ». Si ce critère de la réticence psychologique peut-être discuté, c’est en effet sans compter sur les considérables économies de coût que présenteraient des navires sans équipage. Il est vrai que toutes sortes d’entraves bloquent à ce jour le développement de l’automatisation totale du transport maritime: des difficultés d’ordre technique, législatif, comme les problèmes d’assurance, de responsabilité en cas de naufrage, de sûreté, de recherche et sauvetage en mer.
Londres, un hub du commerce maritime
D’autres manifestations ont été organisées en dehors de Londres par des autorités maritimes affiliées (sur l’île de Man, à Gibraltar et aux Bahamas) tout au long de la semaine. De l’avis général, le rythme des échanges de la LISW est intense, mais ces rencontres assoient le rôle de Londres comme un carrefour mondial des affaires maritimes. C’est surtout au niveau de la qualité des services offerts aux opérateurs en matière de cadrage juridique, de financement, d’assurance, de courtage et d’affrètement que la capitale britannique sait se rendre particulièrement attractive. À cet égard, le Baltic Exchange a publié, en partenariat avec l’agence de presse chinoise Xinhua, un index qui classe les centres maritimes à l’échelle internationale (International Shipping Centre Development Index), dans lequel Londres arrive en seconde position sur la liste des 46 ports les plus importants au monde. C’est Singapour qui occupe la première position, en raison principalement de l’importance de ses infrastructures portuaires et du développpement de son secteur commercial. Mais selon des critères d’évaluation qui privilégient la qualité des services, Londres prend cette fois la tête du peloton, suivie par Singapour, Hong Kong, Shanghai et Athènes. Succès que Jeremy Penn, le directeur général de Baltic Exchange, commente ainsi: « La prospérité continue de Singapour et Londres s’explique par plusieurs facteurs, parmi lesquels, et pas des moindres, leur localisation géographique, leur expérience, leur cadre légal et leur système de taxation favorable, autant d’opportunités offertes de faire des affaires ».