Selon le communiqué du 19 novembre diffusé par le ministère britannique de la Défense, le paquebot français Boréal (2010, 142 m pour 132 cabines) dérive en direction de la côte Nord de l’île Malouine orientale par force 8, en perte totale de propulsion à la suite d’un incendie « majeur » de sa salle des machines. Le commandant a décidé d’évacuer ses 347 passagers et membres d’équipage tôt dans la matinée du 18 novembre. Quatre hélicoptères dont deux SeaKing, un Hercules C130 et un avion de commandant ont été envoyés sur zone ainsi qu’un bâtiment de surveillance de la Royal Navy accompagné de deux remorqueurs néerlandais affrétés à temps par la Marine britannique. Soixante-dix-neuf personnes ont été hélitreuillées depuis le Boréal et ses deux radeaux de sauvetage. Elles ont été accueillies à la base militaire de Mount Pleasant. Le HMS-Clyde a « assisté » deux autres moyens d’évacuation à bord desquels avaient pris place plus de 200 personnes. Toujours selon les Britanniques, le paquebot est dans une position stable et les autorités examinent les voies et moyens d’évaluer son état. Le commandant des forces armées britanniques de l’Atlantique Sud évoque « une opération de sauvetage extrêmement complexe et dangereuse, réalisée dans des conditions difficiles ». Le site internet du ministère diffuse une courte vidéo montrant le gîte bâbord du paquebot et les deux tenders qui peinent contre une houle assez marquée.
L’autre version
L’armateur, Le Ponant, diffuse une version plus « soft »: l’incendie, d’origine technique, éclate dans un compartiment de la salle des machines. Le navire perd sa propulsion. L’équipage déclenche la lutte anti-incendie alors que le navire est « à proximité » du cap Dolphin. « Il y avait donc potentiellement un risque d’échouement, la côte n’étant qu’à quelques milles » (deux, selon des indications officielles). « Le commandant Étienne Garcia a alors jeté l’ancre sur un plateau sablonneux pour assurer un solide point de mouillage et stopper immédiatement la dérive du navire ». « Pour faciliter » la lutte anti-incendie et « ne prendre aucun risque au cas où la situation viendrait à se dégrader, le commandant a décidé d’évacuer préventivement les passagers et le personnel non nécessaire à l’intervention d’extinction ». L’évacuation préventive a commencé quand le paquebot a été mis au mouillage. La compagnie ne précise par les conditions météo. Toujours selon Le Ponant, les SeaKing ont hélitreuillé douze passagers en direction de la base de Mount Pleasant. Les deux tenders ont embarqué respectivement 129 et 118 personnes. Les deux radeaux de sauvetage gonflables ont également accueilli 66 membres d’équipage. Toutes ces personnes ont attendu l’arrivée « imminente » de l’Austral, autre navire de la compagnie, pour y embarquer et être conduites à Port Stanley, capitale des Malouines. Le HMS-Clyde était sur zone.
Le commandant, neuf officiers et un élève sont restés à bord du Boréal pour maîtriser l’incendie et préparer son remorquage assuré par l’un des deux remorqueurs. Les passagers du Boréal sont rentrés chez eux quelques jours plus tard. Le navire est à quai au port militaire d’East Cove. Le service technique de l’armateur évalue les dégâts et cherche un chantier de réparation entre Punta Arenas et Montevidéo.
Compte tenu des circonstances, le rapport d’enquête du BEAmer français (à défaut, celui de la MAIB) sera attendu avec impatience, d’autant que le navire venait de commencer une croisière de 16 jours vers la péninsule antarctique où les SeaKing sont rares. Nouvel actionnaire de « long terme » de la compagnie qui en a souvent changé ces dernières années, Artémis, holding de la famille Pinault, vient de faire l’apprentissage du métier d’armateur.
