La délégation à l’outre-mer du Conseil économique, social et environnemental a pris en main l’étude de ses ports. Le 29 juin, cette délégation s’est autosaisie pour réaliser une étude sur l’organisation de ces établissements. Elle doit se faire en deux parties. La première phase sera de dresser un premier bilan de la réforme des ports d’outre-mer, promulguée en 2012, et de passer en revue les évolutions récentes qui ont pu intervenir au niveau des autres ports.
La seconde partie de cette étude devra étudier les « pistes de réflexion pour une organisation portuaire ultramarine plus efficace, structurée et compétitive au service de la population et du développement durable des territoires afin de mieux répondre aux évolutions du commerce maritime international et à la concurrence avec les ports étrangers », précise un communiqué du Cese.
Relever les défis majeurs de demain
La délégation de l’outre-mer s’est saisie de ce dossier en raison de la particularité de ces territoires. Éloignées de la métropole, les collectivités ultramarines, souvent insulaires, sont confrontées à un paramètre déterminant pour leur économie: la communication avec l’extérieur. Le port est devenu le lieu quasi unique d’échange avec l’extérieur. Il rassemble sur ses quais les entrées des produits énergétiques, manufacturés et alimentaires et offre aussi des débouchés pour les productions locales. Ensuite, les points d’entrée dans ces territoires sont souvent en situation de monopole. Certaines îles ne disposent que d’un seul port, les autres rades ou quais ne pouvant accueillir que des navires de petits gabarits. « Leur paralysie entraîne nécessairement celle de toute l’économie et de la vie locale », note dans sa note introductive la délégation à l’outre-mer du Cese.
Le premier constat que dresse la délégation vise à la productivité portuaire en outre mer. Elle est inférieure à celle des ports de la métropole. Et pourtant leur position stratégique les oblige à relever des défis majeurs pour les prochaines années. Ainsi, avec l’ouverture du futur canal de Panama élargi, les ports ultramarins des Caraïbes ont un rôle à tenir face à leurs concurrents tant insulaires que sur la côte ferme de l’Amérique du Sud. La concurrence de la part de pays tiers et de grands ensembles économiques régionaux comme le Mercosur pour les ports des Caraïbes, soumis à des normes sociales et parfois environnementales différentes, pèse sur leur avenir.
Une stratégie sans moyens
En juillet 2012, le gouvernement a promulgué une loi portant réforme de l’organisation portuaire. Compte tenu des particularités locales, ces changements n’ont pas eu la même portée que dans les ports métropolitains. La Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion ont été concernées par cette réforme. Un an après, en juillet 2013, le gouvernement a exposé sa stratégie portuaire sur ces territoires ultramarins. Les membres de la délégation à l’outre-mer du Cese s’interrogent sur les moyens et outils mis à disposition par l’État, affectés à cette stratégie. Face aux défis à relever dans les prochains mois et à leur environnement concurrentiel, il a été estimé qu’il devient urgent de mettre sur pied une réflexion globale sur l’avenir de ces ports.
Les membres de la délégation ont pu entendre plusieurs professionnels portuaires et maritimes français, comme Raymond Vidil, président de Marfret et ancien président d’Armateurs de France, Bernard Mazuel, délégué général de l’Union des ports de France, Jean-François Tallec, conseiller à la CMA CGM ou encore Dominique Bracq, DRH au Grand port maritime de Rouen.