Face à une croissance en berne, le Brésil joue la carte des grands travaux. Alors que le PIB national devrait atteindre cette année son pire niveau depuis 25 ans, Dilma Rousseff a présenté le 9 juin un ambitieux plan d’investissements dédié aux infrastructures. Insuffisantes et souvent en mauvais état, ces dernières entravent en effet le développement du commerce international et la compétitivité du pays, générant le fameux « coût Brésil ». Montant de l’opération, 198,4 milliards de réals (soit 56,8 Md€). Plus d’un tiers des investissements sont prévus d’ici à 2018. Le gouvernement attend 86,4 milliards de réals dans le transport ferroviaire (24,8 Md€), 66,1 milliards de réals d’investissements dans les autoroutes (19 Md »), 37,4 milliards de réals dans les ports (10,7 Md€) et 8,5 milliards de réals dans les aéroports (2,4 Md€). Les nouvelles concessions auront un accès réduit aux financements des banques publiques et les concessionnaires devront financer en partie les projets avec des capitaux privés.
Parmi les projets évoqués figurent notamment la construction de 4 371 km d’autoroutes, l’extension de certaines concessions ferroviaires existantes ainsi que le transfert au privé de l’exploitation de plusieurs aéroports comme ceux de Porto Alegre, Fortaleza, Salvador ou encore Florianopolis. « Ces mesures visent à augmenter la compétitivité de l’économie, avec un transport efficace de la production agricole et la réduction des coûts de logistique pour l’industrie, tout en répondant à la croissance du nombre des voyages nationaux et internationaux et en augmentant les exportations », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.
Cinquante nouvelles concessions portuaires
Du côté des ports, 11,9 milliards de réals (3,4 Md€) seront dédiés à 50 nouvelles concessions, 14,7 milliards de réals (4,2 Md€) à 63 nouveaux terminaux d’usage privatif (TUP) et 10,8 milliards de réals (3,1 Md€) au renouvellement anticipé de 24 concessions. « Ce sont des investissements qui vont révolutionner le système portuaire brésilien à court et moyen terme, en agrandissant, modernisant et rendant plus modernes nos ports publics et privés », se réjouit le ministre en charge du Secrétariat aux ports, Edinho Araújo.
Selon Brasilia, le premier bloc de concessions portuaires concernera 29 terminaux. Il devrait démarrer dès cette année et se dérouler en deux phases, pour un investissement total estimé à 4,7 milliards de réals (1,3 Md€). La première étape portera sur les concessions de cinq terminaux céréaliers au Pará et trois terminaux à Santos (un pour les céréales et deux pour le transport de cellulose). La seconde étape sera dédiée aux concessions de terminaux de céréales (deux au Pará et quatre à Santos), de terminaux de marchandises générales et de conteneurs (un au Pará et deux à Santos), et de douze terminaux pour les carburants et le gaz GPL au Pará.
Le gouvernement espère lancer l’appel d’offres du second bloc de concessions portuaires au premier semestre 2016, pour un montant de 7,2 milliards de réals (2 Md€). Ces 21 terminaux (de céréales, conteneurs, vracs liquides, cellulose ou marchandises générales) devraient être répartis entre les ports de Suape (État du Pernambouc), Aratu (État de Bahia), Rio de Janeiro, São Sebastião et Santos (État de Sao Paulo), Paranaguá (État du Paraná), São Francisco do Sul (État de Santa Catarina), Manaus (État d’Amazonas), Santana (État de l’Amapá) et Itaqui (État du Maranhão).
Redorer l’image de la présidente?
Certains craignent cependant que cet ambitieux programme ne soit qu’un simple effet d’annonce, destiné notamment à redorer l’image de la présidente mise à mal par le scandale de corruption Petrobras. Ces différents projets viennent en effet compléter le Programme d’investissements en logistique (PIL) mis en place par le gouvernement en 2012 pour plus de 200 milliards de réals (57 Md€). Or, selon le journal O Globo, seul un quart de ce qui était proposé dans ce plan s’est effectivement traduit en contrats.