Les acteurs économiques disposent de quatre types d’actions pour relever le défi énergie-climat

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« Le succès de la conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques organisée à Paris en décembre 2015 dépend beaucoup de vous, les entreprises », a déclaré le 3 juin Christian Masset, secrétaire général du Quai d’Orsay, venu délivrer aux participants du Congrès mondial du gaz le message du ministre des Affaires étrangères et président de COP 21, Laurent Fabius. Annoncé de longue date, celui-ci a finalement annulé sa venue à cet événement triennal organisé pour la première fois en France depuis 1937, créant une certaine déception dans les allées du congrès. « Une économie bas carbone sera le résultat d’un travail d’équipe entre tous les acteurs étatiques et économiques, des secteurs publics et privés », a continué le représentant du ministre. Le gouvernement français souhaite donc que toutes les entreprises du pays, quels que soient leurs domaines d’activités, s’impliquent et se mobilisent dans la lutte contre le changement climatique et pour le développement durable, objectif de COP 21. Pour le gouvernement, la participation des entreprises doit venir s’ajouter aux contributions de chaque État acceptant de se fixer des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de CO2 pour la période 2025 à 2050. « La contribution des entreprises est très importante car l’objectif fixé pour lutter contre le changement climatique est très ambitieux: atteindre la “neutralité carbone” au cours de la deuxième moitié du XXIe siècle et contenir le réchauffement climatique en deçà de 2 oC. » Le gouvernement est persuadé que le monde n’y parviendra pas sans une mobilisation des entreprises car « les modèles économiques sont bâtis depuis deux siècles sur les énergies fossiles. Pour les changer, il faut des signaux clairs de la part des États, notamment sur la tarification du carbone, et de la part des entreprises avec des engagements à réduire leurs émissions de GES et de CO2. » La déclaration de six compagnies pétrolières et gazières mondiales pour l’instauration de mécanismes de tarification du carbone le 1er juin a été citée en exemple (voir encadré).

Des feuilles de route sectorielles

Le représentant du ministre a précisé que quatre formes d’engagement s’offrent aux acteurs économiques dans le cadre de COP 21. La première consiste à rejoindre les structures internationales de coordination des entreprises existantes en faveur du climat, comme le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) ou son partenaire français Entreprises pour l’environnement (EPE). La deuxième forme est de publier des engagements en matière de réduction des émissions de GES et de CO2 et de les consolider sur la plate-forme dédiée Non-State Actor Zone for Climate Action (Nazca). Les entreprises peuvent aussi décider d’aller plus loin et « proposer des feuilles de route sectorielles pour atteindre la neutralité carbone après 2050 ». La troisième forme privilégie l’innovation ainsi que la recherche et le développement pour faciliter la mise au point de nouvelles technologies bas carbone secteur par secteur. Les efforts en ce sens de la filière automobile ont été donnés en exemple. La quatrième forme d’engagement est de « faire de l’enjeu politique mondial sur le climat un enjeu des décisions et de la stratégie des entreprises ». Autrement dit, celles-ci peuvent décider que les enjeux climatiques constituent un élément clé de leurs décisions d’investissements. Sachant que « le monde économique investit de plus en plus dans la croissance verte, cette tendance doit se poursuivre ». Le représentant du ministre a alors mis en avant que « le gaz est la moins polluante des énergies fossiles ». Aussi, « les acteurs du secteur peuvent contribuer largement à la diminution des GES, CO2 et autres polluants atmosphériques ». Il s’agit de « s’engager ensemble – États et entreprises – sur la voie de la décarbonation de nos économies ». Pour cela, il faut « réduire la part des énergies fossiles utilisées et augmenter celle des énergies renouvelables dans laquelle les entreprises du secteur gazier sont de plus en plus nombreuses à investir ». En conclusion, le représentant du ministre a souligné l’importance de la mobilisation des acteurs économiques « étant donné que la réalité scientifique du réchauffement climatique et de ces conséquences désastreuses pour les êtres vivants et la planète est de moins en moins contestée ». Aussi, il y a « urgence à transformer les modèles économiques ».

Pour une tarification du carbone

Le 29 mai, juste avant le Congrès mondial du gaz, six compagnies pétrolières et gazières mondiales, BG Group plc, BP plc, Eni S.p.A, Royal Dutch Shell plc, Statoil ASA et Total S.A ont lancé un appel aux États du monde entier dans la perspective de COP 21 pour l’instauration de mécanismes de tarification du carbone. Elles appellent également à « la création par ces États de cadres réglementaires transparents, stables et ambitieux en vue de relier entre eux, à terme, les différents mécanismes nationaux ». Par cette initiative, les six majors reconnaissent à la fois l’ampleur du défi posé par le changement climatique et l’importance de l’énergie pour le bien-être des populations mondiales. Elles constatent que la tendance actuelle d’évolution des émissions de GES place le monde sur une trajectoire qui, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), entraînerait un réchauffement de la planète supérieur à 2 oC. Elles affirment leur volonté de contribuer aux solutions.

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