Les particules fines des moteurs marins sont cancérogènes

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Des biologistes, des médecins, des chimistes et plusieurs universités allemandes, britanniques, finlandaises et suisses ont cherché à déterminer les réactions des cellules exposées aux particules fines contenues dans les fumées des navires, en fonction de leurs caractéristiques chimiques et physiques, et ainsi estimer la dangerosité potentielle à court terme des aérosols contenus dans ces fumées. Des cellules de poumon humain ont été exposées durant quatre heures, in vitro, aux fumées d’un moteur marin de 80 kW qui brûlait tour à tour du fuel lourd (180 sC, contenant 1,6 % de soufre) et du Diesel Oil (0,001 % de S) plus raffiné. Les caractéristiques chimiques des combustibles ont été croisées avec les diverses formes de réaction des cellules du poumon (génotoxicité, inflammation et stress oxydant). Cette étude, précise le rapport de 17 pages, ne constitue pas une analyse toxicologique complète mais simplement un point de départ pour des études plus systématiques qui devront étudier les effets d’une exposition à différentes doses et durées.

« Bien qu’il contienne un nombre plus faible de composants connus pour être toxiques, le DO a des effets négatifs sur les principaux métabolismes de la cellule pulmonaire bien plus importants que ceux des particules issus du fuel lourd », lit-on dans les conclusions. « Cela pourrait être dû à la plus grande quantité de suie générée par le DO. En conséquence, le rôle de cette suie qui est connue comme étant cancérogène lorsqu’elle est présente dans l’air, doit être étudié plus en détail. Dans tous les cas, pour les suies produites par la combustion du HF et du DO, nous recommandons la mise en place d’une filtration des fumées. »

Le rapport en profite pour rappeler que dans certaines zones côtières, la moitié de la quantité de particules a été générée par la navigation maritime et fluviale, activités portuaires comprises. Les études épidémiologiques estiment que ces particules d’origine « maritime » entraînent une mortalité de 60 000 personnes par maladies pulmonaires ou cardiovasculaires.

Un problème ancien laissé sans solution

Ce n’est pas la première mise en garde contre les effets nocifs des particules fines, jusqu’à présent laissée sans réponse. Le gouvernement de l’État de Californie a été le premier à lutter contre les émissions de particules en obligeant certains navires à utiliser l’électricité de quai.

Le monde se mobilise contre le CO2 qui n’a, à ce jour, tué personne, au moins lorsqu’il est dans l’atmosphère. Les SOx et les NOx inquiètent également. Des zones à émissions contrôlées ont été mises en place, couvrant par exemple toutes les ZEE nord-américaines, la Manche/ mer du Nord/Baltique. Mais l’usage du DO désulfurisé ne semble pas régler le problème de la suie, bien au contraire.

Il y a des raisons d’espérer car selon le constructeur allemand d’épurateurs de fumée Saacke, son matériel permet de retenir jusqu’à 97 % des particules (et 99 % des SOx).

Encore faut-il que ce type d’équipement soit rendu rapidement obligatoire pour tous les navires naviguant sur tous les océans. En effet, les particules fines peuvent être transportées sur de très longues distances. En août 2009, l’Agence fédérale américaine de l’Environnement soulignait dans un document publié au Federal Register (l’équivalent du JO) que les particules fines (2,5) peuvent rester en suspension dans l’atmosphère entre quelques jours et quelques semaines et parcourir des centaines voire des milliers de kilomètres.

Réalisée en 2010, l’étude sur les émissions liées au passage portuaire dans sept grands ports maritimes français, estime à 3 000 t la production de particules. Que deviennent-elles quand le vent dominant vient de l’ouest?

Se présentant comme étant le ministre « en charge de la Mer et du Développement durable » lors de l’arrivée de l’Hermione à Yorktown, Ségolène Royal pourrait, comme le marquis de Lafayette, apporter de bonnes nouvelles en expliquant comment la 2e puissance maritime du monde, soucieuse de son devoir d’excellence, entend résoudre le problème sanitaire posé par les particules produites par les navires.

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