Selon l’étude publiée par la direction générale des Douanes et Droits indirects, la France a écoulé en Russie 220 M€ de produits sous embargo, soit 3 % de son commerce extérieur. Le 6 août, la Russie a mis en place un embargo d’un an sur un certain nombre de produits agricoles, de matières premières et de denrées alimentaires en provenance des États-Unis, de pays de l’Union européenne, du Canada, de l’Australie et du Royaume de Norvège. Les produits concernés sont les viandes, les poissons, les produits laitiers, les fruits et les légumes ainsi que certaines préparations alimentaires. Une décision motivée par les sanctions que ces pays ont imposées à Moscou en raison de la situation en Ukraine. En réponse, la Commission européenne a mis en place des mesures de soutien notamment en faveur des produits laitiers et des fruits et légumes. L’impact de cet embargo peut être de deux ordres, note la direction des Douanes. L’effet direct de cet embargo touchera les producteurs de ces produits en les empêchant d’exporter. L’effet indirect sera de voir les produits invendus sur le marché russe se retourner sur d’autres marchés européens et donc créer une concurrence avec les produits nationaux.
En France, les produits concernés représentent 220 M€, soit 3 % de l’ensemble des ventes réalisées par les producteurs français sur le marché russe. Plus finement, les produits agricoles visés par l’embargo russe entrent pour 37 % des ventes. Au final, si les produits français sont peu concernés par cet embargo, ce sont surtout les pays à vocation agricole de l’est du continent qui sont les plus concernés. La Pologne et la Lituanie se placent en tête des échanges agricoles avec la Russie. Selon la direction générale des Douanes et des dDoits indirects, la Lituanie a vendu pour 930 M€ de produits agroalimentaires à la Russie en 2013. Un chiffre qui s’élève à 840 M€ pour la Pologne. L’Allemagne est concernée puisqu’environ 600 M€ de produits sous embargos ont été expédiés vers la Russie en 2013.
En France, ce sont surtout les produits laitiers et les viandes qui sont le plus touchés par cet embargo. Les fruits, les légumes et les poissons vendus à la Russie ne représentent à eux seuls que 17 %. Dans le reste de l’Europe, les restrictions sur les viandes affectent surtout les pays comme le Danemark, l’Irlande, la Hongrie, le Portugal et la Slovaquie. Elles pèsent plus de la moitié des exportations avec la Russie. Les ventes de poissons touchent plus particulièrement la Norvège.
Les effets indirects sont plus difficilement mesurables. Les produits que les pays européens ne peuvent vendre sur le marché russe inondent le marché des autres pays. Le premier effet pourrait se reporter sur une offre plus importante, réduisant ainsi les prix de ces produits. S’il reste encore difficile d’estimer cet impact, la direction générale des Douanes estime qu’il existe a priori un impact négatif sur les prix sans l’évaluer précisément.
Dès les premiers mois de 2014, les ventes françaises vers la Russie ont amorcé une baisse de 40 %. La faiblesse de l’activité économique russe a pesé sur les six premiers mois. L’effet embargo n’a fait qu’aggraver cette situation. Au final, en 2014, les ventes soumises à embargo ont perdu 58 % à 190 M€. Un effet direct qui s’est ressenti sans que les effets indirects d’importations depuis des pays extérieurs de produits visés ne soient en forte hausse.
300 exportateurs concernés
L’impact est limité pour les exportateurs mais reste important pour ceux dont la majorité de leurs flux concerne le marché russe. Ainsi, selon la direction générale des Douanes, la France compte 300 exportateurs vers la Russie soumis à cet embargo dont la majorité se situe en Bretagne, Pays de Loire et Basse-Normandie. Sur 2014, les trafics portuaires n’ont pas souffert de cet embargo. C’est en 2015, après un semestre complet, que les effets de cet embargo pourront être mesurés plus finement.
L’embargo est décidé pour un an et doit être revu au mois d’août.