Le shipping européen: de 56 Md€ à 147 Md€ de valeur ajoutée et de 615 000 employés à 2,2 millions

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Comme la Chambre maritime britannique, les Associations des armateurs de l’Union européenne (Ecsa), Norvège comprise, ont confié le travail d’estimation de la valeur ajoutée et des personnels employés au cabinet Oxford Economics. L’étude, intitulée The Economic Value of the EU Shipping Industry – Update, a pour objet d’estimer l’impact économique du shipping européen sur trois niveaux: direct, indirect et induit.

Le champ couvert concerne le transport maritime de marchandises (conteneurisées ou non), de passagers (ferries et paquebots), l’activité de service (pose et réparation de câbles ou de pipes sous-marins, prospection pétrolière, recherches océanographiques, travaux sous-marins, assistance aux fermes éoliennes et aux plates-formes pétrolières et gazières), le remorquage et le dragage. Oxford Economics consacre plusieurs pages à préciser les agrégats économiques examinés ainsi qu’à définir les concepts d’effet direct, indirect et induit.

Pour faire court, ce secteur a, en 2013, représenté directement 56 Md€ du produit intérieur brut de l’UE (valeur des biens et services produits). Le transport de marchandises (remorquage et dragage inclus) a généré 32 Md€ de valeur ajoutée brute(1) (57 %), le transport de passagers et l’activité de service 10 Md€ chacun, la location et le leasing 4 Md€ (6 %). Tout compris, la valeur ajoutée brute (VAB) du shipping est inférieure à celle de la fabrication de textiles (64 Md€) mais supérieure à celle des services postaux et de courriers (55 Md€), et très supérieure à celle du transport aérien (31 Md€). En 2004, elle était de 47 Md€, soit une croissance de 18 % en neuf ans. Ce qui est totalement incohérent avec la hausse de la capacité de transport de la flotte contrôlée (plus de 70 %, voir plus loin). Oxford Economics explique cela par les mauvaises conditions économiques qui prévalent depuis la crise de 2008-2009. La surcapacité et la chute des taux de fret qui en a résulté affectent la production de VAB.

56 % de navigants non communautaires

En 2013(2) le shipping européen a employé 615 000 personnes, toutes nationalités confondues et sans précision sur le temps du travail annuel . 81 % de postes de travail, soit 501 000, sont des emplois de navigants. Il est estimé qu’environ 44 % sont des citoyens de l’UE ou de l’Espace européen, donc qu’environ 56 % sont des « non » communautaires. Cette estimation doit être prise avec précaution. En effet, Oxford Economics explique que trois États d’immatriculation seulement recensent les navigants communautaires et les non communautaires. Les premiers représentent environ 44 %. Il faut donc faire l’hypothèse que cette proportion vaut également pour les 26 autres États membres. Ce manque d’intérêt des États d’immatriculation pour déterminer l’origine de « leurs » navigants interpelle. Sur les 501 000 navigants, 42 % sont des officiers et 58 % du personnel d’exécution. La répartition par catégorie de navigants entre communautaires et non communautaires n’est pas disponible, ce qui est bien dommage.

Entre 2004 et 2013, l’emploi direct est passé de 488 000 à 615 000, soit + 26 %. Entre le début de 2005 et la fin de 2013, la flotte contrôlée par les compagnies « communautaires » a augmenté de 74 % en tjb (450 Mtjb) et de 72 % en port en lourd (660 Mtpl). Par contre, le nombre de navires n’a crû que de 30 % environ (23 000). Ce qui est cohérent avec la croissance des navigants. Oxford Economics tente une explication en arguant que les navires neufs sont plus technologiques et donc plus automatisés que ceux qu’ils remplacent. Ils ont ainsi moins besoin d’un équipage conséquent. La hausse des tailles unitaires des navires doit également contribuer à expliquer l’écart de croissance entre la capacité de transport et le nombre de navigants.

Le shipping est une activité à grande productivité car chaque travailleur génère 85 000 € de PIB, contre une moyenne européenne de 53 000 €. Le secteur de l’assurance fait mieux avec 124 000 € par employé. Celui de la production cinématographique et télévisuelle, moins bien avec 84 000 €. Le secteur du transport aérien beaucoup moins bien avec seulement 73 000 €. Le transport routier est sous la moyenne, avec 46 000 €.

Indirectement (achat de combustible, de services portuaires, et techniques, schématiquement tous les achats et charges externes) et de façon induite (les dépenses des employés du shipping et de ses fournisseurs), le secteur a généré une VAB de 147 Md€ en 2013 dont 61 Md€ en indirect, soit 1 % du PIB européen. Le facteur multiplicateur du shipping est donc de 2,6 (147/56). Il a employé 2,2 millions de personnes dont 1,071 million en indirect. Le facteur multiplicateur est donc de 3,6 (2,2 M/615000).

Il n’est pas impossible que d’ici à la fin de l’année, l’administration française sorte du brouillard et dispose elle aussi de données économiques sur ce que représente réellement le shipping national en termes de valeur ajoutée générée directement, indirectement et de façon induite.

Valeur ajoutée = CA hors taxe moins les achats et charges externes.

En 2013, la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie ne faisaient pas encore partie de l’UE.

Oxford Economics en bref

Fondé en 1981 au sein de l’Université d’Oxford, Oxford Economics est un cabinet indépendant leader en prévisions économiques et en études quantitatives, indique son site internet. Ses services couvrent plus de 200 pays (pays développés, émergents ainsi qu’une trentaine d’agrégats dont les BRICS), 100 industries et 3 000 villes.

Son équipe de consultants et économistes, issus notamment de banques centrales et d’institutions internationales, est l’une des plus importantes du secteur privé.

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