European Shipping Week: l’épreuve de vérité

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Par-delà les prises de positions et les discours officiels (voir JMM du 13 mars), plusieurs armateurs ont pu s’exprimer individuellement sur des thèmes choisis: innovation, compétences maritimes et compétitivité. Plus de 200 personnes, essentiellement liées au secteur maritime, ont assisté aux différents monologues de l’entre-soi. L’heure n’était pas encore à la sensibilisation de l’opinion publique.

Le discours récurrent et monotone sur l’innovation (et non pas la recherche continue d’une plus grande efficacité) a fini par lasser John C. Lyras, président de Paralos Maritime Corporation, par ailleurs vice-président de la Chambre maritime internationale. Il a rappelé que « l’innovation n’est pas une fin en soi ». Sa rentabilité à court terme doit être réelle. Invité à exprimer un vœu concernant la nouvelle Commission, John C. Lyras a souhaité être impliqué dès le début de la réflexion portant sur une nouvelle régulation du transport maritime.

Lors de la session sur les compétences à la mer, Mark Dickinson, secrétaire général du syndicat de navigants Nautilus International, a rappelé que même les employeurs, les compagnies exploitantes n’arrivaient pas à compter correctement leurs navigants. Les jeunes ne refusent pas d’aller en mer, mais leurs employeurs ne font pas grand-chose pour les y inciter.

Seul représentant français de la journée, Philippe Louis-Dreyfus a, à au moins deux reprises, souligné que le shipping ne se limitait pas au transport de marchandises ou de personnes. Il comprend également les navires de service, poseurs de câbles ou d’assistance offshore, par exemple. Il faut se rappeler qu’il y a quelques années, la Commission européenne refusait que les aides publiques au transport maritime puissent être attribuées aux navires de service. Cela avait vivement agacé le p.-d.g. de Louis-Dreyfus Armateurs.

Quand les armateurs s’engagent sur l’emploi

La vice-présidente du cluster maritime néerlandais (par ailleurs présidente de l’association royale des armateurs néerlandais), Tineke Netelenbos, a expliqué que d’anciens officiers de marine marchande se rendent dans les écoles primaires pour sensibiliser les élèves au fait maritime. Cette initiative a été lancée par l’Association royale des armateurs néerlandais (KVNR), le syndicat Nautilus International, le service de pilotage néerlandais et l’Association des commandants. Selon le rapport 2011 de la KVNR, près de 500 élèves ont ainsi été « exposés » à la marine marchande dans le cadre du programme Sealegs at School. Le rapport 2013 n’y fait aucune mention. Dès 16 ans, a poursuivi Tineke Netelenbos, les jeunes volontaires peuvent passer une à deux semaines sur des navires de commerce. Pour susciter les bonnes volontés, depuis 2008, les armateurs néerlandais garantissent aux élèves officiers un emploi à la fin de leur formation. Ce dispositif était toujours en application en 2013 malgré les difficultés économiques rencontrées. Selon le rapport 2013, le nombre de navigants néerlandais était inférieur à 4 000, sans précision sur la ventilation officier/personnel d’exécution. Le nombre de navigants étrangers était de l’ordre de 28 000. Depuis 2001, le KVNR est partenaire d’un centre de formation d’officiers de marine marchande aux Philippines. Chaque année, les armateurs s’y rendent pour recruter leurs officiers durant une sorte de grande cérémonie. Directeur à la DG Emploi, Detlef Eckert a rappelé que la formation est de la seule compétence des États membres. La Commission ne peut que faciliter la mobilité des élèves, par exemple, accompagner indirectement les États membres. Il a invité le secteur privé à s’impliquer un peu plus pour faire connaître ses besoins précis. Très ancien débat que l’on croyait réservé à la France.

Concernant la compétitivité, Emanuele Grimaldi, d.g. du groupe éponyme, opérateur majeur du cabotage intercommunautaire, est resté fidèle à lui-même: tout ce qui devait être fait pour la promotion du cabotage intra-communautaire a été fait. Il sera difficile de faire plus sans risquer de créer une distortion de concurrence. Par contre, introduire un peu de concurrrence dans les ports européens serait favorable au développement du cabotage.

Le président des Associations des armateurs de l’UE, Thomas Rehder, a indiqué que ses membres seraient favorables à l’ouverture du Jones’ Act américain afin de participer aux échanges maritimes entre le Mexique, les États-Unis et le Canada. Surprenante déclaration car le Jones’ Act concerne uniquement le cabotage national des États-Unis.

Les trois rêves de Fotis Karamitsos

Disposant d’une longue expérience en la matière, le d.g. adjoint de la DG Mobilité et Transport, Fotis Karamitsos, a volontiers répondu à l’invitation d’exposer ses rêves les plus secrets. Dans cet ordre, que le secteur européen du shipping soit « cohérent » et fasse la promotion du shipping européen; que les États membres cessent de se battre avec la Commission sur des sujets de souveraineté et que le secteur maritime européen arrive à convaincre les États-membres de l’existence de dossiers d’intérêt commun.

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