« Le transport maritime constitue la colonne vertébrale du commerce international avec près de 80 % du fret mondial transporté par les océans », indique le rapport Perspectives 2015 du Forum international des transports (FIT), publié début février. Après la récession de 2008-2009, « le transport maritime de fret a recommencé à surperformer par rapport à la croissance du PIB mondial », continue le FIT. Il a progressé de 4 % en 2012 avec 9,2 Mdt, soit 11 % de plus que le pic enregistré avant la crise de 2008. Il a gagné 4 %, atteignant 46 milliards de tonnes/miles. Le FIT estime que « ces chiffres devraient continuer à croître dans les années à venir mais sur des rythmes plus modérés ». Le FIT prévoit qu’en 2050, le transport maritime pourrait dépasser les 250 Mdtkm. « Un tel essor du fret international place le système de transport face à des défis sans précédent et conduit à une augmentation des contraintes de capacité tout comme à une élévation des émissions notamment de CO2. Un effort soutenu doit donc être fait pour améliorer l’efficacité du système de transport en optimisant les structures de la chaîne d’approvisionnement », analyse le FIT. Dans ce cadre, pour le transport maritime international, le principal défi est celui de la lutte contre les émissions polluantes des navires en navigation à proximité des côtes et dans les ports, selon le FIT.
Des actions au niveau local et international
Les émissions de CO2 liées au transport maritime dans les ports ne représentent qu’environ 2 % des émissions internationales totales de CO2. Toutefois, elles ont d’importantes conséquences en termes de santé humaine. Des études menées à Hong Kong ou à Los Angeles montrent que localement, la part des émissions polluantes des navires peut s’élever jusqu’à 45 %. D’autres évaluations indiquent que les particules fines émises par le transport maritime seraient à l’origine de 60 000 morts annuelles, notamment par cancer cardio-pulmonaire, avec davantage de décès parmi les habitants des côtes en Europe, en Asie de l’Est et du Sud. La majorité des émissions polluantes du transport maritime proviennent des porte-conteneurs ou des navires dédiés au transport de brut et de produits pétroliers. Cela s’explique en partie par le fait que ces deux types de navires représentent les trois quarts des escales dans les ports. Et ce même si les porte-conteneurs ont des temps d’escales relativement courts. Leurs émissions polluantes sont nettement plus élevées que les vraquiers ou les rouliers alors que ceux-ci présentent des temps d’escales plus longs. Les zones géographiques où les émissions polluantes des navires sont les plus présentes sont l’Europe et l’Asie où sont installés les ports les plus actifs. Toutefois, alors que les trafics sont relativement moindres dans les ports d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Amérique latine et du Nord, les émissions polluantes des navires y apparaissent élevées. Selon le FIT, les émissions polluantes des navires vont quadrupler d’ici 2050. Elles vont connaître une forte augmentation en Afrique et en Asie tandis que l’Europe et l’Amérique du Nord devraient enregistrer une diminution suite aux mesures prises dans le cadre des zones de contrôle des émissions (ZCES). La lutte contre les émissions polluantes de navires doit s’inscrire prioritairement dans un cadre international, conclut le FIT. L’Organisation maritime internationale (OMI) joue ici un rôle fondamental. Toutefois, pour le FIT, au niveau local, les autorités portuaires peuvent agir en prenant des mesures pour diminuer les émissions polluantes des navires à quai lors des escales. Cela passe par des installations pour permettre un accès à l’énergie à quai plutôt que de laisser tourner les machines. Cela passe aussi par la promotion de l’utilisation de combustibles marins alternatifs.