Le 5 février, la conférence organisée à Euromaritime a eu pour thème: « Ports européen et réseau des voies navigables: donner à l’Europe sa place dans l’économie maritime mondiale ». Isabelle Ryckbost, secrétaire générale de l’European Sea Ports Organisation (Espo), a détaillé « cinq défis à relever pour les ports maritimes de l’Union européenne » (UE) dans les années à venir. Le premier concerne l’infrastructure portuaire. « Les ports sont des pôles stratégiques. Ils doivent s’adapter aux nouveaux navires, de plus en plus grands, aux nouveaux besoins de leurs clients. » Dans ce contexte, pour l’Espo, la nouvelle politique RTE-T mise en place en 2013 est positive car elle reconnaît les ports comme des nœuds, des centres multimodaux. Le budget pour financer des projets d’infrastructure atteint 26 Md€ pour la période 2014-2020. Il y a toutefois une inquiétude avec le plan Juncker de 20 Md€ auquel s’ajoutent des instruments financiers pour aller jusqu’à 300 Md€. Or ce plan prélève 2,7 Md€ du budget RTE-T pour les transférer à la BEI. « Certes, les ports peuvent présenter des dossiers de financement à la BEI, mais les critères de sélection sont moins sensibles aux projets portuaires et fluviaux en lien avec les corridors européens du RTE-T », a indiqué Isabelle Ryckbost. Le deuxième défi à relever par les ports de l’UE est la « globalisation et l’adaptation aux évolutions du marché ». Il s’agit de « trouver des solutions pour favoriser la poursuite de l’essor des ports européens dans un contexte où la croissance économique est portée par les nations extérieures à l’UE ». Le troisième défi porte sur l’amélioration de la concurrence entre les ports de l’UE. « Il y a un important travail à mener pour mettre en place une gouvernance et des formalités administratives et douanières similaires dans les ports des différents États membres de l’UE », a expliqué Isabelle Ryckbost. Le quatrième défi est celui de l’énergie. « Il y a des opportunités de trafics de produits énergétiques à saisir dans le contexte de nouvelle politique énergétique de l’UE », a continué Isabelle Ryckbost. Le dernier défi des ports de l’UE est l’innovation, plus particulièrement dans le suivi des flux pour lesquels les solutions digitales et numériques doivent être privilégiées aussi bien pour le transport de marchandises que de passagers.
Simplifier les formalités administratives
Raymond Vidil, p.-d.g. de Marfret et président d’Armateurs de France, a ensuite présenté les attentes des armements par rapport aux ports. Ceux-ci doivent « améliorer le traitement des navires » dans un contexte de réduction de la vitesse de navigation et de gigantisme des unités. « Il faut réduire le temps passé dans les ports par les navires puisqu’il est impossible de réduire le temps passé en mer, celui-ci s’allongeant même avec le slowsteaming. » Pour cela, il faut un « développement de la massification terrestre et des modes massifiés, notamment le transport fluvial ». Il y a aussi un travail à mener pour fluidifier les entrées et sorties des marchandises des ports en simplifiant les démarches administratives. L’informatisation des procédures est nécessaire. Raymond Vidil a insisté sur la « vocation industrielle des ports maritimes et intérieurs ainsi que sur le potentiel de développement économique des activités logistiques ». Les ports doivent se préparer aux nouvelles activités: énergies marines renouvelables, GNL comme combustible pour le transport maritime et fluvial. En conclusion, un représentant de Rhenus Logistics a souligné que « la voie d’eau a besoin des ports. Les ports maritimes français doivent traiter le fluvial de la même manière que le routier et le ferroviaire. Ils doivent soutenir massivement le transport fluvial. Ensemble, il est possible d’obtenir des avancées, notamment de l’État. Les ports des États européens qui ont su œuvrer en commun avec le transport fluvial sont aujourd’hui les numéros 1. »