Drones, une idée qui se répand

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Début 2014, Rolls Royce Marine annonçait travailler sur un projet qui permettrait à l’industrie mondiale du transport maritime d’économiser près de 375 Md$: le navire sans équipage(2). Loin d’être isolée, cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une réflexion européenne bien plus globale sur le sujet. L’Union européenne a ainsi investi 3,5 M€ dans un projet de recherche sur la navigation maritime sans équipage (Munin); la société de classification germano-danoise DNV GL a présenté le ReVolt(3), un feeder autonome; l’Ensta Bretagne a organisé la 6e édition de la coupe du monde des robots voiliers autonomes, tandis que l’armée française s’est penchée sur un projet « Espadon », qui a vu naître le catamaran Sterenn-Du, un drone expérimental porteur de drones submersibles de déminage(4).

Ce projet de mise en circulation de navire sans équipage s’étend même au-delà du cadre européen, puisque le 23 juillet, la société de droit coréen Hyundai Heavy Industries a annoncé avoir mis en place un système anticollision qui détecterait automatiquement les obstacles (Hyundai Intelligent Collision Avoidance Support System-5-).

Un concept clivant

La mise au point de drones maritimes divise l’industrie: l’idée est acclamée par les armateurs mais décriée tant par les syndicats de marins que par les chargeurs, les assureurs ou P&I Clubs. L’intérêt des transporteurs maritimes pour les navires sans équipage s’explique pour deux principales raisons.

Tout d’abord, la mise en place d’un navire sans équipage permettrait, selon les transporteurs, d’améliorer la sécurité maritime, l’erreur humaine étant, selon les statistiques, à l’origine de la plupart des accidents maritimes(6).

Par ailleurs, la mise en circulation de navires sans équipage permettrait également de réduire significativement les coûts de navigation et l’impact écologique des navires traditionnels. Les marins coûtent cher – 44 % du coût du voyage d’un cargo, d’après Moore Stephens LLP, entreprise de consulting(7) – et nécessitent un aménagement spécifique à bord du navire (couchages, douches, toilettes…). Ainsi, l’absence de marin à bord permettrait, outre une économie substantielle, un gain de place précieux à bord des navires en supprimant ces espaces de vie. Un même navire pourrait donc, une fois débarrassé des installations dédiées à l’équipage, transporter bien plus de marchandises en un seul et même voyage. Rolls Royce affirme qu’ainsi, le navire gagnerait en légèreté (5 %) et permettrait d’économiser 12 % à 15 % de carburant.

Au surplus, selon The Economist(8), réduire la vitesse du navire de 30 % permettrait d’économiser 50 % de fuel. Cette économie est aujourd’hui impossible à réaliser, les marins se portant de moins en moins volontaires pour passer de longues semaines en mer. Avec l’émergence du navire sans équipage, la vitesse des cargos pourrait être significativement réduite et des économies supplémentaires pourraient être réalisées.

Selon Oskar Levander, vice-président de l’innovation maritime chez Rolls Royce, l’industrie maritime disposerait déjà aujourd’hui des technologies nécessaires pour la mise en place de navires autonomes: système anticollision, pilotage automatique, caméras embarquées, navigation par satellite, automatisation de la vitesse…(9). Un prototype de réalité virtuelle serait d’ailleurs déjà en place au bureau norvégien de la marque.

Les navires pourraient ainsi être commandés depuis une station au sol et évolueraient sur un parcours établi en amont. Un centre de contrôle à terre, offrant une vue à 360 degrés depuis le navire, permettrait aux ingénieurs de contrôler en permanence l’environnement du navire. En cas d’urgence, ce dernier pourrait être repris en main par un opérateur à terre qui lui communiquerait des ordres via liaison satellitaire. Ce système de contrôle au sol des navires affrétés rendrait possible le contrôle de centaines de navires depuis un même centre de contrôle.

L’argus de l’assurance, L’Europe veut réglementer l’assurance des drones, P-O. Leblanc, J-B.Charles, 26 septembre 2014.

Bloomberg, Rolls-Royce Ships challenge $375 Billion Industry: Freight, 25 février 2014.

Voir JMM 4948, p. 20, « Revolt: feeder autonome tout électrique », 10 octobre 2014.

Ministère de la Défense, Les drones marins, avenir de la lutte contre les mines navales, 25 octobre 2012.

Voir JMM 4943, p. 26, « Vers une conduite automatique du navire », 5 septembre 2014.

Bloomberg, Rolls-Royce ships challenge $375 Billion Industry Freight, 25 février 2014.

Ibid

The Economist, The Ghost Ship, 8 mars 2014.

Infohightech, « Le projet Munin vise à ce que des bateaux robots deviennent une réalité », 22 septembre 2014.

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