Suez II: une voie pharaonique pour les espèces invasives

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Intitulé Double trouble: the expansion of the Suez Canal and marine bioinvasions in the Mediterranean Sea, cet article est paru le 28 septembre dans la revue Biological Invasions (Springer Éditions). Le New York Time du 13 novembre en reprend de larges extraits. L’annonce faite cet été, par le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi d’un quasi-doublement du canal de Suez sans aucune évaluation du risque écologique est qualifié par les scientifiques* comme de « bien mauvais au­gure ». La mer Rouge se déverse majoritairement dans la Méditerranée et réchauffe cette dernière. À ce jour, plus de 350 espèces animales non originaires de Méditerranée s’y retrouvent déjà, en particulier dans sa partie orientale. Les scientifiques donnent quelques exemples. De petites méduses urticantes (Rhopilema nomadica) couvrent l’été d’énormes surfaces empêchant les pê­cheurs de pêcher, les touristes de se baigner et risquant de boucher les stations de pompage d’eau de mer. Toxique, le poisson ballon à bandes argentées (Lagocephalus sceleratus) a été repéré le long des côtes turques depuis 2003 et a déjà conduit plusieurs victimes dans les hôpitaux en Égypte, en Grèce, en Israël et en Turquie. Efficace, il est devenu le dixième poisson le plus fréquent en Méditerranée orientale.

Salez la mer Rouge

Les scientifiques s’étonnent et s’inquiètent de l’extrême rapidité des travaux de creusement du second canal: 6 Mm3 de boues de dragage sur les 140 Mm3 prévus ont été enlevés en octobre, et plus de 15 000 habitations ont déjà été détruites. Ils ne se font pas d’illusion sur l’importance des pressions commerciales qui poussent l’Égypte à aller aussi vite mais ils appellent la communauté internationale à intervenir. Il est « impératif » d’évaluer les risques et les moyens techniques pour les réduire. La plus prometteuse des méthodes pour confiner les espaces maritimes remonte au début du xxe siècle: recréer une barrière d’eau de mer très salée qui est infranchissable pour les espèces de mer Rouge. « Nous devons immédiatement étudier la faisabilité et l’efficacité de cette solution. Malgré nos nombreuses interventions auprès de l’ONU, personne ne semble vouloir s’en mêler » regrette Bella S. Galil.

Ironie de l’histoire, la littérature est très abondante sur les risques que font courir les espèces invasives contenues dans les eaux de ballast des navires. L’Égypte a ratifié la convention internationale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires. Signée en 2004, cette convention ne peut entrer en vigueur que douze mois après que 30 États l’auront ratifiée – et représentant 35 % de la jauge mondiale. Or au 20 octobre, 43 États l’ont fait (dont la France)… mais ils ne représentent que 32,54 % de la jauge mondiale. L’Égypte peut creuser.

Travaillant dans les instituts ou centres de recherche allemand, nord-américain, britannique, canadien, espagnol, estonien, irlandais, israélien, italien, lituanien, néo-zélandais et norvégien. Aucun représentant français.

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