Le 17 juin, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son rapport 2014 sur le marché du pétrole à moyen terme (Medium Term Oil Market Report 2014), qui présente une analyse de l’évolution de la demande, de l’approvisionnement et des flux de pétrole brut pour les cinq ans à venir. L’AIE prévoit une demande mondiale de pétrole en croissance de 1,3 % par an jusqu’en 2019, soit un léger ralentissement par rapport aux estimations du rapport 2013. La consommation atteindrait 99,1 millions de barils par jour (Mbpj) en 2019, largement tirée par les besoins des pays hors OCDE. « Les prix durablement élevés du pétrole, la concurrence entre les combustibles, les préoccupations environnementales couplées à une meilleure efficacité énergétique, les problèmes de sûreté/sécurité accrus devraient contribuer à réduire l’augmentation de la demande dans les pays de l’OCDE », a déclaré Maria van der Hoeven, directrice générale de l’AIE, lors de la présentation du rapport. Cette relative modération de la demande mondiale de pétrole conduit l’AIE à envisager l’atteinte « d’un point d’inflexion » de la consommation entre 2015 et 2019. La décennie suivante serait alors celle de la diminution de la demande globale de pétrole même si les situations peuvent être très différentes d’un pays à l’autre, d’une région du monde à l’autre, en fonction des niveaux de développement. Les exportations de pétrole vers l’Asie devraient atteindre 22 Mbpj en 2019, soit une hausse de 16 % par rapport à 2013. « La Chine devrait devenir le premier importateur mondial de brut dès cette année devant les États-Unis, a indiqué Maria van der Hoeven. Les importations des pays asiatiques devraient dépasser celles de l’OCDE en 2017. » Cette concentration de la croissance de la demande en Asie couplée avec des États-Unis devenant exportateur net de pétrole vont entraîner une importante concentration des flux de brut vers l’Extrême-Orient, explique le rapport. Près de 65 % du brut disponible pourrait prendre le chemin de l’Asie en 2019.
Trop tôt pour évaluer la situation en Irak
Du côté de la production de pétrole, l’AIE confirme son analyse sur l’essor de l’offre en non conventionnel non seulement aux États-Unis mais aussi dans de nouveaux pays comme le Canada, la Russie et l’Argentine. En 2019, les États-Unis pourraient produire 5 Mbpj non conventionnel, soit le double du niveau de 2013, et seraient leader sur ce segment. Les trois autres nations pourraient produire au total 650 000 bpj. « D’ici 2019, nous devrions ainsi assister à un début de mondialisation de l’offre de pétrole non conventionnel », note le rapport. Dans le même temps, l’Opep devrait demeurer un fournisseur essentiel du marché « tout en devant faire face à d’importants vents contraires dans l’expansion de ses capacités de production ». Des champs vieillissants constituent une difficulté majeure pour la plupart des pays membres de l’Opep. Toutefois, ce sont surtout les problèmes de sûreté/sécurité et leurs conséquences en termes de risques pour les investissements qui dissuadent les compagnies pétrolières internationales de venir s’associer aux nouveaux projets de production que les pays de l’Opep vont devoir résoudre. Le rapport révèle que près de 60 % de la croissance de la production attendue des pays de l’Opep d’ici à 2019 doit venir des champs irakiens. « Nous avons prévu un essor de la production irakienne de 1,28 Mbpj par an pour atteindre 4,5 Mbpj en 2019, a précisé Maria van der Hoeven. C’est une prévision prudente que nous avons faite avant les troubles que connaît le pays depuis la mi-juin. Il est trop tôt pour évaluer les conséquences des événements actuels. Les marchés sont inquiets et les cours du pétrole ont grimpé ces derniers jours. Il y a potentiellement un risque de perturbation de l’approvisionnement du monde en pétrole, l’Irak étant aujourd’hui le deuxième plus grand exportateur de l’Opep. »