Le 10 juin, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son rapport 2014 sur le marché du gaz à moyen terme (Medium Term Gas Market Report) qui présente une analyse de l’évolution de la demande, de l’approvisionnement et des flux de gaz naturel pour les cinq ans à venir. L’AIE prévoit une demande mondiale de gaz naturel en hausse de 2,2 % par an d’ici 2019, une estimation en recul de 0,2 % depuis le rapport 2013. C’est sous sa forme liquéfiée que le gaz naturel répondra à la demande en croissance tandis que « les nouveaux gazoducs devraient aussi jouer un rôle ». Cet essor continu du GNL jusqu’en 2019 est une conséquence de décisions prises par des opérateurs privés en Australie, Amérique du Nord et non pas des États, souligne le rapport. Le commerce de GNL devrait croître de 40 % pour atteindre 450 Mdm3 en 2019, estime l’AIE. Sachant qu’en 2019, 50 % des nouvelles exportations de GNL devraient provenir d’Australie et 8 % d’Amérique du Nord.
Éviter les discours simplistes
« La progression de l’offre pour le commerce international du gaz est ainsi dominée par les investissements privés dans le GNL en Australie et en Amérique du Nord, alors que la croissance de la demande est tirée par la région Asie-Pacifique », a déclaré Maria van der Hoeven, directrice générale l’AIE. La demande chinoise de gaz pourrait atteindre 315 Mdm3 en 2019, soit 150 Mdm3 supplémentaires par rapport à 2013. La Chine devrait rester un importateur important, les flux de GNL vers l’Asie demeureront donc élevés. Toutefois, selon l’AIE, la moitié des 150 Mdm3 supplémentaires dont aura besoin la Chine d’ici 2019 devrait être satisfaite par ses propres ressources nationales, la plupart non conventionnels. La production chinoise devrait croître de 65 %, passant de 117 Mdm3 en 2013 à 193 Mdm3 en 2019. La situation apparaît très différente dans les pays de l’OCDE marqués par une demande de gaz en recul aux alentours de 500 Mdm3 jusqu’en 2019. Les besoins du continent africain en gaz pourraient atteindre 160 Mdm3 en 2019, à comparer aux 120 Mdm3 en 2012. Le rapport de l’AIE se conclut sur deux mises en garde. « Les discours sur l’abondance du gaz de schiste américain bientôt disponible sous forme de GNL à l’exportation sont simplistes, a prévenu Maria van der Hoeven. Les installations nécessaires à l’exportation ne sont pas encore en place et il ne faut pas oublier que le gaz sous forme de GNL est cher à transporter. » L’autre mise en garde de l’AIE porte sur la situation actuelle du marché dominé par des flux très importants vers l’Asie où les prix du gaz sont très élevés. Ces derniers « menacent de freiner la demande de nombreux pays qui ne peuvent ou ne veulent pas ou plus payer un gaz à un prix dépassant 16 $/MBtu. Ces pays pourraient se tourner vers le charbon au détriment du gaz ».
Une utilisation prometteuse du gaz dans les transports
« Le gaz naturel est en train de faire une percée dans de nouveaux secteurs, notamment celui des transports », note le rapport 2014 sur le marché du gaz à moyen terme de l’AIE. Les perspectives sont « prometteuses » concernant l’utilisation du GNL dans le transport maritime « après 2020 ». Cette situation est liée à l’entrée en vigueur des normes plus strictes d’émissions à partir de 2015 conformément à l’annexe VI de la convention Marpol aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord, continue le rapport. « La teneur en soufre des combustibles utilisés dans certaines zones côtières spécifiques sera limitée à 0,1 % à partir de 2015. Cette norme pourrait être étendue à d’autres zones internationales de navigation avec un seuil de 0,5 % à partir de 2020 au lieu de 3,5 % actuellement », explique l’AIE. L’utilisation du GNL « nécessitera la création de nouvelles infrastructures pour la navigation internationale et les différentes navigations nationales ainsi que la construction de nouveaux navires ou l’adaptation de ceux existants ». Pour l’AIE, « la différence de prix entre le GNL et le diesel marin (Marine Diesel Oil, MDO) » décidera lequel des deux sera privilégié par les compagnies maritimes.