Selon une étude du consultant Clarksons Research, en 2013, les chantiers chinois ont livré un navire sur trois après les délais convenus. Ces retards coûtent très chers puisque les acheteurs, qui versent environ 80 % du prix d’achat en avance, peuvent demander des remboursements lorsque les chantiers livrent les navires avec du retard. Mais ce sont les banques qui se retrouvent obligées de payer pour les chantiers navals défaillants. Bien qu’il y ait eu une amélioration de livraison dans les temps de 36 % par rapport à l’année précédente, les chantiers chinois restent loin derrière leurs rivaux sud-coréens qui ont systématiquement livré les navires en avance. Les banques chinoises risquent ainsi de devoir payer de larges sommes aux acheteurs si les constructeurs ne respectent pas leurs contrats, et ce avec un espoir très mince que les chantiers les remboursent par la suite. Les banquiers chinois se sont précipités dans la construction de navires après la crise financière internationale de 2008, la Chine ayant fortement poussé aux crédits avec des taxes avantageuses pour faire décoller l’industrie. Le système a bien fonctionné jusqu’à ce qu’une forte surcapacité apparaisse et que la demande commence à chuter à partir de 2010. Les chantiers ont enregistré des retards et les investisseurs ont demandé des remboursements. Les constructeurs, désireux de garder à la fois leur commande et le montant versé d’avance, ont soumis des injonctions contre les banques afin qu’elles ne réclament pas l’argent à leur tour.
Les acheteurs obtiennent généralement une garantie de remboursement d’une banque dont les frais de service sont payés par les chantiers. Dans la plupart des cas, les banques n’ont demandé aucune caution, ces garanties s’apparentant plus à des assurances qu’à des emprunts. Si les banques suivent les tribunaux d’injonction locaux et s’abstiennent de rembourser, elles risquent de devoir aller devant des tribunaux de juridiction étrangère. Mais, selon les banquiers, si elles appliquent le remboursement puis cherchent une compensation de la part des chantiers pour les pertes, elles risquent d’isoler les gouvernements locaux, ce qui pourrait endommager les intérêts des banques dans la région.