Globalement, il n’y a rien de réjouissant dans le monde du transport maritime de produits chimiques plus ou moins dangereux. Et même là, le concept est flou. Le blé n’est pas franchement un produit chimique mais sa dégradation sur un fond marin est toxique. Intacte, une marchandise peut être totalement inoffensive. Réduite en cendres, elle peut devenir très difficile à traiter.
Le transport de chimiques est en pleine expansion. Les bases de données sur ces produits et leur comportement se multiplient, mais elles contiennent les mêmes erreurs ou les mêmes insuffisances, regrette Christophe Rousseau, directeur adjoint du Cedre. En effet, les comportements indiqués sont ceux constatés dans un laboratoire en présence de petites quantités, et non pas ceux de la réalité de terrain en milieu salin et naturel. Le Cedre s’emploie donc à déterminer le comportement des produits grâce à ses équipements permettant de reproduire la réalité, et leur impact sur l’environnement.
La guest star de la journée était Thomas Höfer, de l’Institut fédéral (allemand) d’évaluation des risques, Unité 31 (transport de matières dangereuses). Il est l’auteur d’un important rapport sur l’origine probable de l’incendie suivi d’explosions du MSC-Flaminia.
Ce n’est que le 20 août que l’État du pavillon, via le Havariekommando (commandant fédéral des urgences maritimes), prend la main sur le sort de ce porte-conteneurs.
Faute de disposer d’un Cedre allemand, il a fallu constituer un groupe indépendant d’experts en environnement pour, d’une part, évaluer la situation à bord, puis d’autre part déterminer les risques auxquels les travailleurs et l’environnement portuaire risquaient être exposés, une fois le navire à quai avec ses 35 000 t d’eau d’extinction.
Pour faciliter la mise à quai du navire gravement endommagé, le Havariekommando a organisé deux fois par jour, cinq jours par semaine, des réunions à huis clos avec les ONG écologistes actives en Allemagne. L’expérience a montré que ce sont les petites structures qui ont posé le plus de problèmes aux autorités. Il n’a pas été précisé si des contrats d’assistance avaient été passés avec les grandes ONG pour « fluidifier » les relations.
Tout ou presque peut entraîner des pertes de temps inutiles: un document contenant de nombreux chiffres en format PDF implique une ressaisie manuelle pour alimenter un tableur Excel, par exemple.
Pour l’avenir, Thomas Höfer souhaite réduire le temps d’analyse des risques. Il s’interroge également sur les conséquences d’un pareil accident survenant sur un grand porte-conteneurs.