Réforme portuaire à l’italienne

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Avec la nomination d’un nouvel exécutif chapoté par Matteo Renzi, l’ex-maire de Florence – âgé de 38 ans à peine, un record dans l’histoire de l’Italie, la moyenne d’âge des présidents du Conseil tournant généralement autour de la soixantaine –, la péninsule veut entrer de plain-pied dans l’ère des réformes. Et pas seulement sur le chapitre de la remise en ordre de la fiscalité (l’une des plus lourdes d’Europe) ou de l’emploi pour enrayer un taux de chômage qui ne cesse d’augmenter. « Dans un contexte politique ouvert aux réformes, la remise en ordre du système portuaire italien peut enfin être prise en considération », estiment les trois principaux syndicats de secteur, Filt CGIL, FIT CISL et Uiltrasport.

L’idée n’est pas neuve

Depuis des années en effet, les principaux opérateurs du secteur portuaire réclament une réforme en profondeur pour relancer un système paralysé par la bureaucratie, la désorganisation et l’absence d’investissements véritablement ciblés. Le débat a souvent été introduit au sénat mais les discussions sont toujours restées lettre morte.

Au mois de décembre, le ministre des Transports et des Infrastructures, Maurizio Lupi, qui a été reconfirmé dans ses fonctions par Matteo Renzi, a annoncé son projet de réforme. « Vingt-huit autorités portuaires, c’est trop. Elles alourdissent le système, il faut les réduire à huit et créer des autorités de macrozone pour chapoter les ports de chaque région », a détaillé Maurizio Lupi. L’idée du ministre est de découper la péninsule en districts portuaires. Les nouvelles autorités seraient chargées de s’occuper des ressources humaines et des équipements portuaires. Elles administreraient aussi, en exclusivité, les zones et le patrimoine maritime de leur district. Enfin, elles pourraient prendre des participations dans des sociétés œuvrant également à l’étranger dans le secteur maritime. Le ministre veut aussi abolir les comités portuaires au profit d’un conseil directif placé sous la houlette d’un président nommé par le ministre des Transports et des Infrastructures.

De l’autre coté de la barrière, les autorités portuaires, regroupées au sein de la fédération Assoporti et qui n’ont aucune envie de disparaître ou pour le moins, d’être redimensionnées, ont présenté une contre-proposition. Un document qui dans un certain sens tient compte des volontés du ministre, du moins sur le chapitre finances. « Nous savons qu’il faut rationaliser le système, non pas pour des raisons d’économies mais plutôt de compétitivité », a récemment déclaré Pasqualino Monti, président d’Assoporti. Le projet de l’association des autorités portuaires, qui s’oppose au principe de regroupement envisagé par le ministre Maurizio Lupi, est axé sur six points essentiels. Dans les grandes lignes, Assoporti réclame une plus grande autonomie financière notamment sur les plans régulateurs, les politiques de marketing et la promotion des infrastructures routières et ferroviaires. Elle demande aussi un droit de regard sur les taxes portuaires et d’ancrage, et le prélèvement direct sur le pourcentage de TVA due pour l’importation des marchandises sur le territoire national. Puis, un contrôle majeur sur la totalité de la chaîne logistique et l’autonomie administrative. Cela veut dire, en clair, un contrôle direct sur les ressources pour les gérer et les redistribuer. Au final, l’association réclame plus de pouvoir.

Les syndicats prêts à discuter

Pour leur part, les syndicats se disent prêts à s’asseoir autour de la table pour discuter. À condition toutefois que la remise en ordre du système portuaire ne soit pas synonyme de précarité pour les salariés du secteur et qu’elle ne débouche pas sur une fragmentation des services portuaires. Les trois organisations réclament en particulier la mise en place d’accords sur le modèle des normes appliquées dans l’administration publique afin de protéger les droits des salariés et d’éviter les licenciements abusifs. Pour sa part, le syndicat Federagenti, qui compte 40 000 adhérents et a adhéré à Cesi, la Confédération européenne des syndicats indépendants, soutient la proposition d’Assoporti tout en réclamant plus d’explications sur les questions de « mise en place de tarifs sur la base de critères et de mécanismes nationaux uniformes ». Mais comme le ministre Lupi, elle s’interroge sur la nécessité de maintenir en place le système actuel comprenant 24 autorités portuaires.

Il est à craindre que la réforme, dans un contexte de propositions aussi fragmentées et de prises de positions non unanimes parmi les opérateurs de secteur, ne reste à nouveau lettre morte.

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