En Asie, des actes moins graves mais en hausse

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En 2013, 150 attaques de pirates ont été rapportées dans la zone asiatique, soit une hausse de 13 % par rapport à 2012, mais une baisse de 4 % par rapport à 2011 et en déclin de 10 % par rapport à 2010. En nombre d’attaques, au niveau international, la région recense le plus grand nombre de vols même si les actes s’avèrent beaucoup moins violents que dans les eaux africaines. Les incidents impliquant des prises d’otages, des agressions ou encore des menaces d’équipages ont été, selon le rapport publié à la mi-février par le Recaap, « beaucoup moins fréquents en 2013 par rapport aux années précédentes ». Un déclin notable à la fois sur le nombre de ces attaques violentes et sur leur gravité. Néanmoins, le Recaap souligne « qu’il ne doit pas y avoir d’autosatisfaction », car le nombre total d’incidents rapportés, bien qu’impliquant en grande majorité des actes de moindre gravité, est en hausse: « Les attaques de piraterie non déjouées et les vols à main armée à bord des navires ont en réalité augmenté ». Seulement neuf attaques sur les 150 signalées ont pu être déjouées. Sur les cinq dernières années, c’est en 2013 que les actes de piraterie « aboutis » (les pirates sont parvenus à perpétrer leurs actes) ont été les plus nombreux.

Les attaques ont augmenté durant les derniers mois de l’année 2013. Le quatrième trimestre a été le plus marqué par les incidents avec une moyenne de 17 attaques par mois. Le troisième trimestre recense 13 actes mensuels, le deuxième 11, et enfin le premier a totalisé une moyenne de neuf actes par mois. Cette hausse est toutefois surtout due à un plus grand nombre d’incidents de catégorie 3, que le Recaap recense comme actes de piraterie « assez peu significatifs » ou de moindre gravité. L’organisation précise qu’il n’y a eu aucune tendance particulière d’un certain type d’incident tout au long de l’année.

80 % des actes perpétrés lors du mouillage

Le rapport fait état de 11 incidents réellement considérés comme étant des actes de piraterie et classés par l’agence asiatique dans les catégories 1 et 2, représentant respectivement les cas « très significatifs » et « modérément significatifs » de piraterie. Deux attaques ont été classées en catégorie 1 visant dans les deux cas des tankers, détournés pour siphonner le pétrole transporté. L’organisation note par ailleurs qu’aucun acte de piraterie de catégorie 1 n’a été répertorié sur un remorqueur pour la première fois en cinq ans. Dans la catégorie 2, ce sont 30 navires qui ont été attaqués, dont 60 % lors du mouillage. Cela constitue une nouveauté pour cette catégorie qui répertoriait jusque-là une majorité d’actes de piraterie en pleine mer. La catégorie 3 a surtout concerné des actes « d’opportunité », note le rapport.

Les incidents qui se sont déroulés lors du mouillage représentent 80 % des actes. Sur ces attaques de navires au mouillage, 50 % ont eu lieu en Indonésie et font partie de la catégorie 3 ou ont été classés comme « vols insignifiants ». Les attaques organisées en pleine mer ont surtout eu lieu au sud de la mer de Chine avec 11 incidents répertoriés dans la région et dans les détroits de Malacca et de Singapour qui enregistrent 12 actes de piraterie.

Le manque de vigilance a été un facteur clé dans un grand nombre d’incidents puisque les pirates ont ciblé en majorité les navires laissés sans surveillance. Pour environ un quart des incidents rapportés, aucune information n’a été disponible sur le nombre d’assaillants, les attaques ayant souvent eu lieu durant la nuit, par visibilité très réduite, ou lorsque l’équipage ne se trouvait pas à bord.

Dans les trois quarts des attaques, aucun membre d’équipage n’a été blessé. Légèrement plus de la moitié des incidents ont concerné des pirates non armés – ou l’équipage étant parfois absent lors du vol, aucune information sur les armes qu’ils portaient n’a pu être communiquée. Dans la plupart des cas, les pirates sans armes n’ont pas démontré de volonté d’agression envers l’équipage. Aucune blessure n’a été rapportée dans les 78 attaques de pirates non armés. À l’inverse, des menaces et des prises d’otages ont eu lieu lorsque les pirates se sont trouvés armés. Dans ces derniers cas, l’équipage a été libéré dès que les pirates ont obtenu ce qu’ils voulaient. Des blessures ont été rapportées dans l’attaque du tanker King-River lors de son mouillage à Sarawak, dans l’est de la Malaisie, le 17 juin. Le capitaine a eu la main gauche sectionnée et deux membres d’équipage ont eu des coupures de moindre gravité.

133 attaques en Asie du Sud-Est

L’augmentation des actes de piraterie et de vols à main armée à bord de navires a surtout eu lieu en Asie du Sud-Est: la région recense 133 attaques, soit le plus grand nombre d’incidents rapportés en cinq ans. Selon le rapport du Bureau maritime international (BMI) publié le 15 janvier, l’Indonésie a rassemblé à elle seule 40 % des actes de piraterie de la planète.

Les eaux indonésiennes ont compté 83 actes de piraterie, soit 17 incidents de plus qu’en 2012, et les détroits de Malacca et de Singapour ont connu 12 attaques, comme l’année précédente. En revanche, il y a eu une amélioration dans la région de l’Asie du Sud, avec un nombre moindre d’incidents sur la période 2009-2013 (17 attaques).

La moitié des incidents ont concerné des vols d’équipements et de moteurs de rechange. Le rapport évoque la possibilité de l’existence d’un marché noir de revente pour des produits comme les cordes d’amarrage, les chaînes ou encore les réserves de moteurs auxiliaires. Ce genre de vols permet aussi aux pirates d’éviter une confrontation physique avec l’équipage, contrairement au vol d’argent et d’affaires personnelles. Enfin, les capitaines de navire sont moins susceptibles de faire un rapport officiel sur ce genre de pertes, ces actes étant classés comme « insignifiants » ou « négligeables ». Dans son rapport, le Recaap souligne l’importance d’informer les propriétaires de navires et les équipages des modes opératoires des pirates afin qu’ils adoptent des mesures appropriées pour contrer les attaques, notamment une vigilance plus accrue lors du mouillage. « Des améliorations peuvent encore être apportées dans certains ports et mouillages, précise l’organisation. Des mesures de sécurité doivent être apportées pour certains types de navires plus vulnérables comme les pétroliers, les remorqueurs ou encore les barges transportant du gazole marin ou du pétrole brut. »

Trafic des navires dans les détroits de Malacca et de Singapour

Au cours de l’année dernière, 77 973 navires sont passés par les détroits de Malacca et de Singapour, soit 2 500 de plus qu’en 2012. Le type de navires ayant le plus emprunté ce passage est le porte-conteneurs, qui a représenté près du tiers du trafic avec 24 658 navires. Suivent les pétroliers qui ont constitué un peu plus du quart du trafic avec 18 296 navires, puis les vraquiers, avec 12 658 navires.

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