« La situation du raffinage, aussi bien en France qu’en Europe, est très difficile, a déclaré Jean-Louis Schilanski, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), le 5 février, lors d’une conférence de presse. Les pertes pour le secteur du raffinage français devraient s’élever à 700 M€ en 2013. » Suite à la fermeture du site Pétroplus près de Rouen en 2013, il reste désormais huit raffineries en activité en France avec une capacité disponible de 69,3 Mt/an et un taux d’utilisation de 70 %. En 2009, il y avait encore 12 sites pour une capacité de 98 Mt/an. Entre 2007 et 2013, la réduction nette de capacité de traitement en France a été de 24 %. Sur la même période, en Europe-OCDE, la diminution a été de 8 % avec une capacité totale passant de 15,8 Mb/j en 2007 à 14,6 Mb/j fin 2013. Dans cette zone géographique, 14 raffineries au total ont fermé entre 2007 et 2013, leur nombre passant de 101 à 87. Avec de tels chiffres, « le secteur du raffinage va continuer à se restructurer car les pertes ne sont pas soutenables. D’autres fermetures de site vont survenir dans les années à venir », a continué Jean-Louis Schilanski. La rationalisation du raffinage concerne l’ensemble des pays européens. Selon l’Ufip, des cessions de 18 raffineries sont actuellement « déjà effectuées ou au moins annoncées » et cinq sites sont en situation de « mise en vente partielle ou complète ».
Des flux modifiés en Atlantique
Si le raffinage européen est en très grande difficulté, c’est tout d’abord la conséquence d’une « chute régulière de la consommation pétrolière dans les pays du Vieux Continent entraînant un ajustement à la baisse de la capacité de traitement », explique l’Ufip. Il y a aussi « l’émergence d’un raffinage compétitif dans les pays d’Asie et du Moyen-Orient ». Enfin, « il existe une compétition extrêmement intense avec les raffineries nord-américaines », a souligné Jean-Louis Schilanski. Ces sites sont alimentés par le pétrole et le gaz de schiste et fonctionnent à des prix très bas grâce « au faible coût de l’énergie et au différentiel sur le prix du brut ». Le taux d’utilisation des raffineries nord-américaines s’élève à 90 % alors qu’il est de 75 % en Europe. Le raffinage nord-américain apparaît ainsi performant et attractif, ce qui a entraîné une modification des flux de produits, notamment d’essence, dans le bassin Atlantique. L’Afrique se fournit désormais prioritairement auprès des États-Unis tout comme l’Amérique du Sud. La France a perdu sa place de fournisseur privilégié de ces deux zones. Les flux d’exportations d’essence français vers les États-Unis ont, eux, totalement disparu, ce pays étant devenus autonome pour ce produit.