Le fret breton reste à l’écart des grands projets nationaux, essentiellement tournés vers les grands corridors nord/ sud en France et en Europe. Pour pallier ce problème, la Région a adopté un Plan d’actions logistiques, construit avec quelque 200 acteurs économiques bretons, qui couvre tous les secteurs du transport (maritime, routier et ferroviaire).
Quatre objectifs sont définis: soutenir la compétitivité des entreprises du territoire, combiner les principes d’une logistique durable et efficiente, faire face à l’augmentation des coûts logistiques et favoriser la montée en compétences logistiques des entreprises. Le Plan d’actions logistiques s’articule autour de trois piliers fondamentaux. Chacun d’entre eux se décline autour de 18 actions; six d’entre elles, priorisées, seront engagées dès le 1er semestre 2014. Le premier pilier du plan vise à soutenir les nouvelles offres de transport multimodales en appuyant les initiatives privées, plaçant le fret dans une approche durable. Il contient trois actions priorisées, notamment la mise en place d’un dispositif d’aide pour créer de nouvelles lignes ferroviaires ou maritimes. Une autre action priorisée prévoit de réserver des capacités de sillons répondant aux besoins identifiés au départ et à l’arrivée de la Bretagne.
Le deuxième pilier englobe sept actions et concerne l’accompagnement de la chaîne logistique afin d’accroître la performance globale des entreprises. Il prévoit en premier lieu une action priorisée avec l’accompagnement des PME/TPE de production dans l’évolution de leurs compétences en supply chain sous la forme d’un soutien financier des actions collectives ou d’une intervention dans l’entreprise en appui du dirigeant. Les autres actions concernent notamment une assistance aux entreprises sur les démarches de mutualisation, l’animation d’un réseau de compétences régional, ou encore la mise en place d’un dispositif de communication dédié à la supply chain.
Des projets à Brest, Lorient et Saint-Malo
Le dernier pilier concerne la structuration de la logistique sur le territoire breton en accompagnant les investissements routiers, ferroviaires et portuaires. Les projets portuaires incluent des dragages de ports, la mise en place du Port de Bretagne numérique ainsi qu’une réflexion autour de plates-formes logistiques multimodales des ports. Des investissements sont notamment prévus sur les ports de Brest, Lorient et Saint-Malo. La structuration des pôles logistique bretons sera par ailleurs priorisée. En lien avec un comité d’experts installé début 2014, la Région souhaite préfigurer les différents sites logistiques jugés structurants pour l’économie bretonne. Une action de recensement et de conservation des infrastructures stratégiques sera menée par la conduite d’un diagnostic des infrastructures portuaires et ferroviaires jugées structurantes pour le fret en Bretagne. L’élaboration d’un plan de soutien à leur remise en état, le cas échéant, est prévue.
« Le projet engagé le plus important est celui du développement du port de Brest »
JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): CONCERNANT LA MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF D’AIDE POUR CRÉER DE NOUVELLES LIGNES MARITIMES: CE DISPOSITIF EST-IL DÉJÀ DÉFINI? EST-CE QUE DES TRAJETS POUR LES NOUVELLES LIGNES MARITIMES ONT DÉJÀ ÉTÉ SUGGÉRÉS?
GÉRARD LAHELLEC (G.L.): Des dispositions sont effectivement d’ores et déjà engagées, notamment concernant le port de Brest. 55 % du trafic conteneurs est généré par la filière du poulet congelé, ce qui assure la pérennité de trois lignes maritimes desservant le port. Nous avons donc une approche qui consiste à aborder le soutien à ces lignes, prioritairement par un confortement de la filière économique, mais n’excluant pas un éventuel partenariat avec les compagnies, si la filière avicole venait à subir de nouvelles difficultés. Nous sommes également engagés dans le confortement de Brest comme port d’accueil d’autoroute de la mer, notamment pour les routes situées entre l’Irlande, le Royaume-Uni et la péninsule Ibérique.
JMM: QUELS PORTS SONT CONCERNÉS POUR LES PROJETS PORTUAIRES, ET QUELS AMÉNAGEMENTS SONT PRÉVUS?
G.L.: Le projet engagé le plus important est celui du développement du port de Brest. Il consiste à conduire simultanément l’aménagement des 40 ha du polder pour y accueillir les industries des énergies marines et la modernisation du port de commerce, et notamment du terminal conteneurs. Le port de Lorient fait déjà l’objet d’investissements importants pour y accueillir des Panamax (alimentation animale) tandis que d’autres projets sont en cours, en particulier pour la pêche.
Concernant le port de Saint-Malo, les études s’engagent pour augmenter la capacité d’accueil des ferries.
JMM: CERTAINES ACTIONS SONT PRIORISÉES, EST-CE QUE DES DATES DE MISE EN PLACE ONT DÉJÀ ÉTÉ DÉFINIES?
G.L.: Les projets précités sont mis en perspective pour des réalisations à échéance des années 2017-2018.
JMM: EST-CE QUE LE DÉBAT SUR L’ÉCOTAXE A EU DES INFLUENCES SUR CERTAINS POINTS DU PLAN D’ACTIONS LOGISTIQUES?
G.L.: Le projet logistique a été engagé à Brest en septembre 2011 et n’est donc pas directement lié au sujet de l’écotaxe. Il ne constitue pas moins un projet d’optimisation de l’économie des transports pour soutenir notre activité économique de production. En effet, après la LME (loi de modernisation de l’économie), la tentation de la grande distribution a été d’optimiser sa logistique en en répercutant les coûts sur le secteur de production. Le fait de transférer sur la production le surcoût de la logistique et des transports oblige à la recherche de dispositions nouvelles d’optimisation des transports. L’écotaxe, qui est suspendue pour l’instant, révèle aussi l’urgence de rechercher des solutions alternatives pour améliorer l’économie des transports, et c’est l’objet du plan logistique.
Propos recueillis par G.I.