C’est l’histoire d’une grande arnaque orchestrée, selon la brigade financière, par un maire également sénateur du PDL, le parti fondé par Silvio Berlusconi en 2008. L’affaire se passe à Molfetta, une petite commune maritime située dans les Pouilles. Il y a six ans, la mairie a annoncé la construction d’une digue brise-lames et d’un port commercial.
Le coût de cette opération financée par des fonds publics, estimé au départ à 72 M€, a doublé en quelques mois. Pour justifier cette augmentation, la mairie a déclaré que la zone devait être bonifiée, les fonds marins étant truffés de bombes et explosifs en tout genre datant de la Deuxième Guerre mondiale. Un matériel contenant du phosphore, du phosphorent et aussi du cyanure en grande quantité, donc intouchable.
« La mairie le savait », affirment les enquêteurs qui ont placé en examen une soixantaine de personnes dont le maire-sénateur Antonio Azzolini. Ce dernier est d’ailleurs accusé d’avoir orchestré toute l’opération pour maquiller les comptes en pleine déliquescence de sa bonne ville qui risquait la juridiction administrative pour dépassement du pacte de stabilité. Selon le juge en charge du dossier, la mairie a empoché les 147 M€ débloqués pour la construction des infrastructures fantômes.
Dans cette affaire, il y a aussi l’étrange suicide en mars dernier, de Vincenzo Tangari, responsable de la division contrats et adjudications de la mairie de Molfetta. Par un soir de brume, l’homme s’est jeté en voiture dans les eaux du vieux port.