Le GNL (Gaz naturel liquéfié), un carburant qui permet une réduction de près de 90 % des émissions de soufre par rapport au fuel lourd, est l’une des solutions qui se présentent aux armateurs pour atteindre l’objectif fixé par l’annexe VI de la Marpol qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Adopté par l’Organisation maritime Internationale en octobre 2008 et ratifié par les États, ce texte va imposer des zones d’émissions contrôlées de soufre (Seca) couvrant la Manche, la mer du Nord et la Baltique. Dans ces secteurs, l’utilisation d’un carburant dont la teneur en soufre ne sera que de 0,1 % (contre 1 % depuis le 1er juillet 2010), va être obligatoire.
Le soutage maritime représente le principal marché pour le GNL. Le développement s’accélère en Amérique du Nord ainsi qu’en Europe où « le cadre réglementaire n’avance pas assez rapidement », souligne Ali Abdallah, ingénieur d’affaires pour GTT (Gaztransport & Technigaz SAS), une société d’ingénierie française spécialisée dans les revêtements cryogéniques pour des cuves contenant du GNL. « Ce carburant reste encore difficile à implanter, soutient François Cahagne, coordinateur de groupe à GDF Suez. Une aide des pouvoirs publics est nécessaire afin de rendre le GNL compétitif. » L’exploitant de gaz se base sur l’expérience des pays scandinaves où la conversion a déjà commencé il y a quelques années sur de petits navires, avec des stockages fixes dans les ports. Un exemple qui ne peut être généralisable car les stocks devraient être bien plus importants pour les plus grands navires. En conséquence, GDF Suez privilégie la solution des navires ravitailleurs: « Ce moyen permettrait beaucoup plus de flexibilité et c’est aussi un avantage pour les autorités portuaires puisqu’il est plus facile et moins coûteux d’autoriser un navire dans un port que d’investir dans une infrastructure fixe. Il est par ailleurs important de pouvoir ravitailler tout type de navires avec du GNL de températures diverses et dans toutes les conditions météorologiques. » GDF Suez estime que l’évolution du marché global du GNL pourrait être particulièrement forte sur le long terme avec des chiffres qui pourraient atteindre 20 Mt à 30 Mt d’ici 2030.
« Le GNL doit encore prouver sa rentabilité »
Plusieurs questions économiques subsistent pour le marché du GNL: son évolution, la disponibilité de ce gaz et son prix, mais aussi le rythme et le coût de conversion au GNL pour le secteur. Pour Thierry Chanteraud, chargé du support technique à Total, « le GNL doit encore prouver sa rentabilité. Il est très difficile et coûteux d’adapter des produits autant désoufrés. Le marché du GNL se développera une fois que l’équilibre financier sera trouvé », a-t-il précisé en rappelant qu’il existe également la solution de l’installation de scrubbers sur les navires qui permettent de filtrer la fumée rejetée.
La vitesse d’adaptation au GNL dépendra de la concurrence des autres énergies, notamment durant la phase de transition. « Si la disponibilité du gaz est la principale question qui se pose aujourd’hui dans le cadre d’une conversion au GNL, la réglementation et la sécurité seront les points les plus importants dans le développement du GNL, » affirme Thierry Chanteraud, en rappelant qu’il y aura un besoin très important en formations sur toute la chaîne logistique qui devra maîtriser le risque d’évaporation.