Lancé en 1980, ce projet d’un tunnel transcontinental sous-marin reliant le Maroc à l’Espagne a été abandonné en 1990. Relancé, il a soulevé de fortes inquiétudes du fait de problèmes géologiques évoqués, du montage financier et d’une estimation des coûts allant du simple au double. Mais, s’appuyant sur les activités réalisées entre 2006 et 2013, ainsi que sur le programme proposé pour 2013-2015, le secrétaire général de l’ONU a confirmé cet été la nécessité de la construction de ce qui est appelé l’Afrotunnel.
Prévu à l’horizon 2025, ce tunnel sous-marin à trois galeries (deux ferroviaires circulaires et une de service dédiée à la sécurité) doit s’étendre de Punta Paloma (à 10 km de Tarifa) à Malabeta (près de Tanger) sur 37,7 km de long dont 27,7 km sous la mer, à une profondeur maximale de 300 m. Cette dernière donnée est d’ailleurs à l’origine de la modification du premier tracé (entre Cap Cirès et Punta Canales) qui, bien que plus court (14 km entre les deux rives européennes et africaines), passait par des fonds de 900 m.
D’après les deux compagnies publiques en charge du projet depuis 35 ans, la Société d’études du détroit de Gibraltar (Sned) et la Société d’études de la communication fixe (Segesca), la durée de construction est de l’ordre de 15 ans. Les prévisions de trafic annuel, sur la première galerie ferroviaire, s’établiraient à 11,2 millions de passagers ferroviaires, 4,7 millions de passagers automobilistes, 460 000 poids lourds et 1,6 million de voitures. Construite en fonction de l’évolution du trafic, la seconde galerie porterait ce dernier à 50 millions de passagers et 6 millions de véhicules.
Reste la question du financement qui, selon la Banque européenne d’investissement, a été évalué en janvier 2005 entre 4 Md€ et 5 Md€ pour la première phase qui comprendrait un tunnel ferroviaire et une galerie de service. D’après la Sned et la Segesca, seule la construction de la galerie de reconnaissance (qui deviendra le tunnel de service) bénéficiera de fonds publics. Le reste de l’ouvrage sera bâti par le privé via une concession de type BOT, courant sur 40 années.