« Le Parlement européen a courageusement approuvé une disposition visant à bannir la pratique de l’échouage des navires battant pavillon de l’Union européenne dans des pays non membres de l’OCDE comme l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh », assure l’organisation écologiste Robin des Bois, dans un communiqué sur son site internet, tout en précisant que le texte ne fait cependant pas encore partie de l’arsenal législatif de Bruxelles. Désormais, les armateurs européens « n’hésitent pas à transférer sous les pavillons de Saint-Kitts-et-Nevis, du Togo, de Tuvalu ou des Comores les navires voués à la démolition », indique l’organisation. Une pratique en vigueur également aux États-Unis, au Canada et dans certains pays asiatiques. Robin des Bois déclare que le nombre de navires de commerce retirés de l’exploitation vers l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh, des pays qui n’interdisent pas l’usage de l’amiante et n’ont pas d’installations dédiées pour le traitement des PCB (polychlorobiphényles), se maintient au plus haut niveau.
« Le recyclage propre des navires est une priorité des armateurs français qui sont des acteurs responsables », a réagi l’organisation professionnelle Armateurs de France interrogée par l’AFP le 16 août, assurant plaider « de manière déterminée pour une entrée en vigueur rapide de la convention de Hong-Kong » pour un recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires. Cette convention, adoptée en 2009, ne pourra entrer en vigueur que deux ans après sa ratification par au moins 15 États. Pour l’heure, seule la Norvège l’a ratifiée. Selon Robin des Bois, au cours des trois derniers mois, 271 navires sont partis à la démolition, cumulant plus de 2,2 Mt de métaux. Parmi ces navires, 106 (39 %) ont été construits en Europe, 88 appartenaient à des armateurs européens (32 %), 241 (89 %) sont partis en Asie. « Cinquante d’entre eux ont changé de nom et de pavillon dans les semaines précédant leur échouage », a souligné Christine Bossard de l’ONG. Le ferry de la SNCM Île-de-Beauté a ainsi été rebaptisé Beau, après avoir été placé sous pavillon panaméen, selon l’organisation qui indique que le navire est arrivé le 10 juillet au port turc d’Aliaga pour démolition, dans des conditions « vraiment pas idéales ».