Un remorqueur de la Marine effectue une mission de reconnaissance

Article réservé aux abonnés

Dans un contexte mondial où l’intérêt pour le passage du Nord-Est est grandissant, le Tenace, remorqueur de haute mer brise-glace de 51 m de long, le plus vieux bâtiment en activité de la Marine nationale (41 ans), a eu quelques priorités lors de cette mission peu habituelle: reconnaître cette route riche de perspectives, montrer le pavillon français dans la zone concernée et réaliser plusieurs types d’observations. Embarquant 35 marins de la Marine et un scientifique de l’Institut Paul-Émile Victor, il a mêlé plusieurs sujets d’observation en matière de Défense, d’ornithologie, de météorologie, de ressources pétrolières, gazeuses et halieutiques et de trafics de navires de commerce. « Une expérience qui n’a pas été réalisée depuis très longtemps », rappelle son commandant, le lieutenant de vaisseau Olivier Crec’hiou.

Aléas météorologiques et diplomatiques

Pris à froid dans un violent coup de tabac en mer d’Irlande (9 m de creux pour une passerelle de 14 m), le remorqueur a dû composer avec des aléas météorologiques et diplomatiques. Contraint d’annuler l’escale de Reykjavik, il a fait route sur le Spitzberg où, zone démilitarisée oblige, il n’a pu escaler. Les prévisions de glace lui permettant de remonter le plus au nord possible, par l’ouest du Spitzberg, il s’est heurté à des conditions météo qui l’ont contraint à le contourner par l’Est. Trouvant enfin une glace plus épaisse sur 70 milles, il y a testé ses équipements (instruments de navigation et de transmission, propulsion…). « Plus nous sommes montés au nord, plus nous avons rencontré des problèmes de transmissions et de coupures de satellites », explique le commandant.

Le Tenace a également été privé de l’escale russe initialement prévue. « Au dernier moment, les autorités ont expliqué qu’il y avait trop de glace au niveau de la mer Blanche. » Évoquée, l’hypothèse d’un revirement diplomatique n’a cependant pas été confirmée. Du coup, le remorqueur s’est replié sur Kirkenes, à la frontière russo-finlando-norvégienne. « Une première pour la Marine nationale », indique le pacha du remorqueur, qui, privé de mer Blanche, a fait route sur la mer de Kara, jusqu’à 78o de latitude Nord et 61o de longitude Est. Il a alors longé et observé une glace plus épaisse sur 70 milles où il aurait pu pénétrer vers la mer de Kara. Mais, bloqués par les eaux territoriales russes, il a rejoint Tromsø.

« Nous rapportons un retour d’expérience intéressant qui permettra de mieux préparer une éventuelle future mission », conclut le commandant dont les commentaires sont pour l’heure réservés à la Marine.

Une zone stratégique majeure déjà convoitée

Raccourci considérable entre l’Europe et l’Asie, et riche de ressources pétrolières, gazeuses et halieutiques, le passage maritime du Nord-Est s’apparente bien plus à une départementale qu’à une autoroute. Même si le Conseil de l’Arctique ne la voit pas encore le devenir (du moins pas toute l’année), il constitue une réalité qui devrait jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux. Écourtant de 40 % le trajet entre Hambourg et Yokohama, tout en économisant 20 % de carburant, la nouvelle voie maritime a vu passer 46 navires de commerce en 2012 contre quatre seulement en 2010. Un trafic certes encore embryonnaire face aux 15 000 transits par le canal de Panama et aux 19 000 par le canal de Suez. Mais, selon la Fédération des armateurs norvégiens, le volume devrait passer à 50 Mt de marchandises en 2020 contre 1,26 Mt en 2012. Excluant le trafic de marchandises conventionnelles, y compris celui des EVP, les passages enregistrés ont principalement concerné des hydrocarbures (26 tankers), le gaz naturel liquéfié (six LNG) et des minéraliers (fer et charbon).

À Kirkenes, le groupe Tschudi Shipping prévoit d’ouvrir une plate-forme logistique de 1 Mm2. Jouant un rôle central avec sa flotte de brise-glace, la Russie a également décidé de créer 10 bases sur son littoral pour remédier à son manque patent d’infrastructures. Admise en mai en tant qu’observateur au Conseil de l’Arctique, la Chine veut jouer un rôle. Après le premier transit de son brise-glace Snow-Dragon, l’an dernier, elle projetterait une première expédition commerciale cet été par cette route maritime. Si certains évaluent à entre 5 % et 15 % les volumes du commerce international chinois pouvant ainsi emprunter la nouvelle voie à l’horizon 2020. D’autres spécialistes restent en revanche plus circonspects.

Politique & réglementation

Règlementation

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15