Les résultats de l’enquête menée par PwC sont sans appel: les armateurs allemands voient l’avenir en noir. Sur les 100 « décideurs » du secteur interrogés par le cabinet, 90 estiment que de nombreuses compagnies « ne passeront pas l’année ». Une morosité inédite, qui s’explique avant tout par les surcapacités qui plombent le marché maritime et font chuter les taux d’affrètement.
Un avis de tempête qui frappe notamment les trafics conteneurisés, un segment dominé par les armateurs allemands: avec 1 700 navires, ils possèdent aujourd’hui un tiers de la flotte mondiale et boivent donc particulièrement la tasse. D’autant qu’avec la crise, le taux de remplissage des navires est en berne: 71 % en moyenne, soit 15 points de moins qu’en 2011.
Le pavillon allemand va perdre en importance
Conséquence inéluctable: le pavillon allemand va perdre en importance, selon les experts. De fait, 58 % des acteurs interrogés envisagent de vendre un ou plusieurs navires, et 20 % souhaitent carrément les mettre au rebut. La majorité des décideurs interrogés n’attendent d’ailleurs aucune amélioration à court terme.
Alors, face à ces eaux troubles, les armateurs germaniques cherchent de nouvelles bouées de sauvetage. Première piste: s’allier avec des concurrents. Une solution envisagée par exemple par Hapag Lloyd: le numéro un du secteur outre-Rhin cherche depuis plusieurs mois à s’unir à son rival Hamburg-Süd. Si, pour l’heure, ce mariage particulier semble voué à l’échec, les rapprochements de ce type devraient pourtant se multiplier, selon les armateurs interrogés par PwC. Ils sont 80 % à anticiper une consolidation du secteur.
Autre planche de salut: les banques asiatiques. Alors que les instituts allemands ferment le robinet du crédit, leurs concurrents chinois font toujours plus figures d’alternative. « Même les armateurs qui répondent aux exigences en matière de fonds propres ne reçoivent pas toujours le crédit souhaité », constate Claus Brandt, qui a dirigé l’étude de PwC. Résultat, 70 % des compagnies envisagent désormais de chercher de nouvelles méthodes de financement. « Et aujourd’hui, ils n’ont plus aucune peur de prendre contact avec un établissement asiatique », conclut l’expert.