La conférence annuelle de l’European Sea Ports Organisation (Espo) a consacré la matinée du 31 mai à la présentation et à l’évaluation de la proposition législative sur la politique portuaire dévoilée par la Commission européenne le 23 mai. Patrick Verhoeven, secrétaire général de l’Espo, a ouvert le débat en insistant sur les points positifs du texte de la Commission pour les ports de l’Union européenne (UE). « D’une part, nous reconnaissons que la proposition de règlement constitue une première étape importante vers la création d’une plus grande transparence financière. D’autre part, nous apprécions que la proposition de Bruxelles reconnaisse le rôle central de l’administration portuaire et confirme, dans une certaine mesure, son autonomie. »
Des points positifs
L’Espo se félicite que la communication de la Commission rappelle nettement le rôle important des ports maritimes dans l’économie européenne actuelle et future. La proposition de Bruxelles souligne, en effet, que le secteur portuaire de l’UE a « une incidence significative en termes d’emploi et d’activité sur le secteur même (effets directs) et sur l’économie de l’UE au sens large (effets induits) ». Selon la Commission, les ports accueillent « un large éventail d’activités industrielles »: pétrochimie, acier, automobile, production et distribution d’énergie. « Les ports sont au cœur de nombreuses autres activités en lien avec la mer », comme les chantiers navals, les équipements marins, les fabricants de grues et de matériels pour les terminaux, les sociétés de sauvetage, les compagnies côtières, les entreprises actives dans la construction marine, le dragage, etc. Les activités portuaires contribuent directement à la création d’emplois, aux investissements étrangers et à la croissance du PIB, estime Bruxelles. Dans les 22 États membres maritimes de l’UE, 2 200 exploitants portuaires emploient près de 110 000 dockers. « Mais le secteur portuaire occupe une main-d’œuvre bien plus importante, si on prend en compte l’entretien et l’exploitation des infrastructures maritimes, l’exploitation des navires et leurs services, le transport terrestre, les activités de logistique, etc. » Selon les évaluations de l’UE, les ports représentent 1,5 million d’emplois directs auxquels il faut ajouter le même nombre d’emplois indirects, ce qui conduit à un total de trois millions d’emplois. Pour l’Espo, la proposition législative sur la politique portuaire vient également compléter l’initiative de Bruxelles dans le cadre du nouveau Réseau transeuropéen de transport (RTE-T) où les ports occupent une place importante. Le nouveau RTE-T a été présenté en octobre 2011. Dans les orientations du nouveau RTE-T, la Commission a recensé 319 ports maritimes « essentiels au bon fonctionnement du marché intérieur et de l’économie européenne ». Ces 319 ports forment la base d’un réseau européen hautement performant qui traite 96 % des marchandises et 93 % des passagers transitant par les ports de l’UE, selon Bruxelles. Ce sont eux qui sont concernés par la proposition. Sachant que le nouveau RTE-T est à double niveau. Le niveau global doit garantir la couverture complète de l’UE et l’accessibilité de toutes les régions d’ici à 2030. Le niveau central s’intègre au réseau global, compte les principaux nœuds du RTE-T et son achèvement est prévu à l’horizon 2050. Sur le total de 319 sites recensés, 83 sont reconnus comme des « ports du réseau central ».
Un début de critique
Après avoir mis en avant les éléments positifs présents dans la proposition législative sur la politique portuaire, Patrick Verhoeven a immédiatement amorcé un début de critique. « Dans le même temps, cependant, la proposition attribue potentiellement des compétences larges à d’autres autorités. Certaines des procédures proposées peuvent conduire à des interférences dommageables avec la liberté commerciale des ports, leur capacité à investir et à leurs responsabilités administratives. » Toutefois, l’Espo n’a pas eu le temps d’aller plus loin dans l’analyse complète du texte présenté par la Commission. L’organisation va maintenant « procéder à une évaluation approfondie de la proposition de règlement, en mettant l’accent sur l’impact concret qu’elle a sur la diversité de ses adhérents ». À charge pour le Parlement européen et le Conseil de « dûment tenir compte de l’évaluation de l’Espo » dans le cadre de la procédure de codécision prévue pour cette proposition législative. Il est ensuite revenu au commissaire en charge des Transports, Siim Kallas, de conclure les échanges. Il a rappelé que l’objectif principal de la proposition de la Commission est de « réduire les écarts de performance très importants entre les ports européens ». Les déficits de performance entravent fortement l’efficience du secteur aujourd’hui et menacent son avenir. Sachant qu’une hausse de 50 % des marchandises manipulées dans les ports européens est estimée par Bruxelles à l’horizon 2030. Aussi, pour Siim Kallas, « les ports européens sont à la croisée des chemins ». Les ports européens doivent se préparer dès maintenant à relever les défis de demain en termes de congestion, de croissance du trafic et d’investissements. Siim Kallas a aussi évoqué l’importance du développement du short sea shipping et des autoroutes de la mer aux côtés des ambitions de l’UE pour les ports.
Isabelle Ryckbost succède à Patrick Verhoeven
Le 29 mai, les adhérents de l’European Sea Ports Organisation (Espo) ont désigné Isabelle Ryckbost comme nouveau secrétaire général. Isabelle Ryckbost entrera en fonction à l’ Espo le 1er août et quittera alors son poste de directeur de l’European Federation of Inland Ports (Efip) où elle est arrivée en 2009. Auparavant, elle a travaillé pendant une quinzaine d’années au Parlement européen auprès d’un député belge, membre de la commission Transport Tourisme. Pendant cette période, elle a suivi les dossiers concernant les questions portuaires, notamment les deux propositions de directive sur les services portuaires et les paquets de sécurité maritime. « Les ports sont plus qu’un simple secteur d’activité, ils doivent chercher à combiner intérêts économiques et publics, a déclaré Isabelle Rickbost. En étant les principales portes d’accès commerciales de l’Union européenne, les ports ont un rôle crucial à jouer dans l’économie en général et le bien-être des citoyens. Dans le même temps, ils sont la force motrice de nombreuses régions et ont une responsabilité envers leur communauté locale. Dans la mesure du possible, j’espère contribuer au développement de ces moteurs de la croissance économique européenne et, si nécessaire, les protéger. Je crois que chaque port d’Europe a un rôle et une place à jouer. » Isabelle Rickbost a aussi salué le travail accompli par son prédécesseur, Patrick Verhoeven, au cours des 13 années écoulées en tant que secrétaire général de l’ Espo. Patrick Verhoeven va devenir secrétaire général de l’European Community Shipowner’s Association (Ecsa).