Un seul contrat de concession routière (la BR-101 entre Espírito Santo et Bahia) a été signé, fin avril, mettant fin à des mois de bataille judiciaire entre deux participants à l’appel d’offres. En mai, le gouvernement aurait dû signer les contrats de concession pour la BR-116 (tronçon situé dans le Minas Gerais) et pour la BR-040, qui relie Juiz de Fora (Minas Gerais) à Brasilia (Distrito Federal). L’appel d’offres, prévu pour janvier dernier, a finalement été annulé et se trouve repoussé à une date indéterminée. Ces retards s’expliqueraient par le manque d’intérêt du secteur privé face aux conditions initialement proposées par le gouvernement, et aux modifications inclues par la suite. Selon l’avocat Robertson Emerenciano (Emerenciano, Baggio e Associados), les différentes mesures prises ou en attente dans les secteurs des ports, des routes et de l’énergie créent un « climat de très grande incertitude », peu propice aux investissements.
Du côté des voies d’eau, les premiers appels d’offres devraient être lancés en 2014, selon Bernardo Figueiredo, directeur de l’Entreprise de planification et de logistique EPL, créée afin d’accélérer les investissements dans le secteur des transports. La première voie d’eau concernée sera celle du Tocantins qui relie Palmas à Belém. Un nouveau modèle de concession, basé non pas sur un système à péage mais sur un paiement mensuel dû au gouvernement, devrait être finalisé d’ici septembre. Ce système pourrait d’ailleurs être adopté par les aéroports régionaux, soit plus de 600 au total.
Une réforme aux airs de telenovela
Quant aux ports, la nouvelle réforme annoncée en décembre vient d’être adoptée par le Congrès courant mai. Ce décret, qui établit de nouvelles règles pour les concessions des ports publics et les autorisations d’ouverture de ports privés, est actuellement soumis à la sanction présidentielle. Une réforme aux airs de telenovela tant la mesure provisoire 595 a suscité de débats et de mouvements sociaux dans le secteur, enregistrant quelque 150 changements par rapport à sa version initiale. Selon le gouvernement, cette réforme tellement attendue devrait permettre d’engager plus de 20 Md€ en cinq ans afin de moderniser les infrastructures de la façade maritime brésilienne et d’améliorer la performance de ses ports, réputés lents et chers. Pour ce faire, certaines entraves à l’investissement privé ont été levées. Jusqu’ici, le groupe privé qui investissait dans un terminal portuaire ne pouvait qu’y importer et exporter sa propre marchandise. Désormais, les nouveaux terminaux privés, même dépourvus d’une majorité de marchandises propres, peuvent voir le jour. Les contrats de concessions portuaires signés avant 1993 pourront être renouvelés pour une période équivalente à celle mentionnée dans le contrat existant, ce qui signifie jusqu’à 20 années pour certains titulaires de concessions. Les contrats de 25 ans signés après 2013 pourront être renouvelés pendant 25 autres années (alors que le texte initial annonçait cinq années seulement). Ce décret propose également l’ouverture du marché du travail à ceux qui ne sont pas inscrits au sein de l’Organe gestionnaire de main-d’œuvre (Ogmo), ce que rejettent les dockers qui redoutent des baisses de salaires. En outre, le secrétaire spécial aux ports a publié sur son site une liste de 159 aires portuaires susceptibles de faire l’objet d’un appel d’offres: aux 46 terminaux dont le délai de concession a déjà expiré, le gouvernement a ajouté 71 terminaux dont le contrat devrait expirer d’ici à 2017 et 42 nouvelles aires où des terminaux devraient voir le jour – sur un total de 34 ports publics avec 172 terminaux publics et 129 port mixtes (public/privé).
Ces mesures ne sont pas forcément appréciées par les observateurs et professionnels brésiliens. « La mesure provisoire va placer les ports dans les mains d’une demi-douzaine de multinationales », déplore Paulo Fleury, directeur général de l’Institut Ilos de Logistique. Néanmoins, ce décret traduit la nécessité de changements urgents face aux prévisions du secteur. Le complexe portuaire brésilien a enregistré un trafic supérieur à 903 Mt de marchandises en 2012, dont plus de 100 Mt ont transité par le port de Santos. À l’horizon 2030, le secrétariat spécial aux ports prévoit que le Brésil aura la capacité de transporter 2,2 Mdt et 20,8 MEVP, importations et exportations confondues.