Mauvaise passe pour les opérateurs de croisière aux États-Unis

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Le sénateur John D. Rocke­feller IV, président du Comité en charge du commerce, des sciences et des transports, a envoyé début mai le même questionnaire aux présidents et CEO de Carnival, Royal Caribbean Cruises et Norwegian Cruise Line, tous basés à Miami. L’introduction est nette et précise. Depuis l’échouement du Costa-Concordia en 2012, le sénateur rappelle qu’il a écrit aux principales compagnies de croisières pour leur faire part des interrogations du comité sur la sécurité de cette activité. L’industrie de la croisière a répondu qu’elle est totalement impliquée dans le renforcement de la sécurité, de la sûreté et de la santé des passagers.

« Malheureusement, depuis, une série d’incidents survenus sur de grands paquebots amène à se poser de nouvelles questions sur les risques et les coûts que fait peser cette activité sur le consommateur et le contribuable américain. » Et le sénateur de rappeler l’incendie de la salle des machines du Carnival-Triumph qui l’a laissé sans énergie durant plusieurs jours et a coûté 800 000 $ à la garde côtière américaine (USCG) en frais d’assistance. En avril, c’est le système d’évacuation des toilettes du Crown-Princess qui tombe en panne durant une croisière, le forçant à rallier un port au plus vite.

L’organisation de l’industrie de la croisière aux États-Unis semble apporter aux compagnies « plusieurs avantages significatifs », estime le sénateur. Alors que leurs directions générales sont installées aux États-Unis et que sont générés des bénéfices « vertigineux » depuis les ports américains et dans les eaux territoriales, les plus grandes compagnies sont fiscalement basées à l’étranger où est immatriculée l’immense majorité de leur flotte. « Cela signifie que ces compagnies bénéficient d’aides substantielles de la part d’agences fédérales américaines alors qu’elles évitent de payer l’impôt sur le revenu aux États-Unis grâce à une faille qui exempte de l’impôt sur le revenu les compagnies maritimes étrangères », résume le sénateur. « Beaucoup des membres d’équipage de ces paquebots ne bénéficient pas des minimaux prévus par le droit du travail américain. Les avantages que cette organisation présente pour les consommateurs et les contribuables américains ne sont pas clairs. »

Les récents accidents/incidents survenus sur des paquebots soulignent l’importance de vérifier que les normes d’exploitation de la profession tiennent bien compte des risques liés à la sécurité, la sûreté et à la santé « ainsi que de déterminer les coûts mis à la charge de la nation ». D’où les 15 questions, plus ou moins embarrassantes, que le sénateur pose. Elles sont organisées en deux chapitres: sécurité, sûreté et normes sanitaires d’une part; l’industrie de la croisière et l’économie américaine, d’autre part.

Interrogations

Parmi les questions techniques figure la demande portant sur le descriptif des audits faits sur les navires à la suite de l’incendie de la salle des machines du Carnival-Triumph. Quelles conclusions? Autre interrogation: détails, navire par navire, des systèmes de secours en cas de perte d’énergie, de gîte, de retour précipité au port, de perte d’électricité ou de climatisation.

Navire par navire, nombre d’exercices d’évacuation menés depuis le 1er mars 2012 et nombre d’exercices menés à bien en moins de 30 minutes.

Nombre de morts (homicide ou autre), de blessés, de viols ou tentatives de viol, de vols de plus de 10 000 $, etc., commis sur les paquebots.

Outre les questions simples portant sur le nombre de passagers embarqués ou débarquées dans des ports américains, le comité souhaite connaître le montant annuel des sommes qui ont été versées aux agences fédérales, étatiques et locales, autorités portuaires comprises, entre 2006 et 2012. Dans la mesure du possible, le comité désire avoir l’identité de chaque agence. Il désire savoir le nombre de salariés résidents aux États-Unis et non-résidents employés par chaque compagnie durant la même période, année par année.

En avril, Carnival a annoncé qu’elle remboursera la somme que l’USCG a engagée pour porter assistance aux Carnival-Triumph et Carnival-Splendor. « Votre compagnie désire-t-elle s’engager à rembourser les coûts d’assistance supportés par le gouvernement? », demande le sénateur. Réponses attendues pour le 24 mai au plus tard.

Certaines questions d’ordre économique pourraient être utilement reprises de l’autre côté de l’Atlantique.

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