Piraterie somalienne: il faut agir au niveau de la politique locale

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Au large de la Somalie, la piraterie a baissé de 12,5 % entre 2011 et 2012, selon l’organisation Oceans Beyond Piracy, un résultat qui s’explique par la mise en place d’une flotte militaire de plus en plus importante. Des investissements dans une meilleure sécurité comme la présence de gardes armés à bord, ou encore une augmentation de la vitesse de navigation lors du passage dans le golfe d’Aden ont eu des conséquences dissuasives pour les pirates. Le maintien de forces navales permanentes dans l’océan Indien pour combattre la piraterie a aussi permis une réduction drastique des attaques. Selon EU Navfor (Forces navales de l’Union européenne), qui patrouille dans l’océan Indien, il y a eu 36 attaques en 2012 contre 176 l’année précédente. L’océan Indien est devenu bien moins profitable pour les pirates: les paiements de rançons, qui ont atteint 159,62 M$ en 2011, ont diminué de 80 % en 2012.

Le coût de la présence de gardes armés à bord a augmenté de près de 80% sur la même période. Une hausse toutefois compensée par la baisse des frais de carburant puisque les navires disposant d’une sécurité à bord ont pu réduire leur vitesse de navigation dans cette zone.

Malgré cette baisse, la Banque mondiale affirme de son côté que la piraterie coûte à l’économie mondiale environ 18 Md$ par an. Elle évalue ce coût global en ajoutant aux rançons payées les conséquences sur le commerce mondial, mais aussi sur les activités économiques des pays voisins. Selon la Banque mondiale, depuis l’essor de la piraterie, le chiffre du secteur du tourisme progresse 25 % moins vite en Afrique de l’Est que dans les autres pays de l’Afrique sub-saharienne. Le secteur de la pêche subit également une diminution de 23,8 % depuis 2006 par rapport à d’autres régions dans les pays affectés par la piraterie. La Somalie souffre elle-même fortement de l’impact de la piraterie, notamment à cause d’un surcoût imposé à ses échanges qui coûte au pays environ 6 M$ par an. Le prix de la piraterie sur le plan humain est également considérable: 3 741 membres d’équipages représentant plus de 125 nationalités ont été capturés, et le nombre de marins tués est d’environ 97.

Recentrer l’attention sur les « facilitateurs »

Le rapport souligne que l’actuelle stratégie de lutte contre la piraterie doit changer. Les pirates sont dépendants d’une infrastructure à terre qui leur fournit nourriture, eau et carburant, mais aussi d’un accès régulier à la côte et de protection contre les forces de l’ordre nationales et internationales. Ils obtiennent donc, contre des pots-de-vin, l’appui de responsables publics, de chefs de clan ou encore de la population locale. « Toute solution à long terme suppose de forger un contrat politique avec les pouvoirs locaux. En d’autres termes, de recentrer l’attention sur les facilitateurs plutôt que sur les auteurs de la piraterie », soutient Quy-Toan Do, économiste senior du département des études de la Banque mondiale et de la vice-présidence de la Banque mondiale pour l’Afrique.

Le rapport souligne également la nécessité de la reconstruction d’un État somalien viable, qui pourra réduire la pauvreté et créer des emplois afin d’éliminer la piraterie: « Au-delà de sa puissance militaire et de ses ressources financières, la communauté internationale peut et doit aider la Somalie à générer des solutions. »

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