Bien que n’assurant directement aucune tutelle sur l’enseignement supérieur maritime civil, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a ajouté que l’ENSM est un « sujet national » sur lequel il sera « très vigilant ». Il s’est déclaré favorable à la suggestion de Francis Vallat, président du Cluster maritime français, d’associer quelques élèves de l’ENSM au défilé du 14 juillet 2013. « Ceux qui auraient suivi une préparation militaire supérieure, par exemple, et sous réserve qu’ils répètent », a précisé le ministre avec humour.
Ces paroles fortes n’ont pas pu échapper à François Marendet, futur directeur général de l’ENSM et Henri Moulinier (président du Pôle Mer Bretagne et membre du Conseil national de la mer et des littoraux), probable futur président de la même école. Le JO du 23 novembre annonçant sa nomination au conseil d’administration de l’ENSM en qualité de personnalité qualifiée, en remplacement d’Eudes Riblier.
Si l’on peut avoir un doute sur le nombre de candidats dont la vocation à devenir des officiers de marine marchande aura été déclenchée par un défilé sur les Champs Élysée, cette idée est plus contraignante qu’il n’y parait. En effet, pour être en état de défiler dans sept mois, encore faut-il être vivant. Et pour être encore vivante, l’ENSM a besoin d’environ 3 M€, de bonne source. Les paroles fortes et le refus purement politique d’appliquer le principe de réalité ont un coût. « Il faut redonner à l’ENSM les moyens de ses ambitions », a affirmé Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports et de la Mer, dès la première journée des assises. « Donner » constituerait déjà un premier pas.
Compte tenu de la qualité de la gouvernance de l’État depuis quelques années au sujet, notamment, de la formation des officiers de marine marchande, avoir fixé une échéance forte à six mois paraît habile. D’autant que la Cour des comptes pourrait ne pas comprendre la récurrence des errements après son premier rapport sévère portant les exercices 2002 à 209 des quatre écoles nationales de la marine marchande. Outre l’épisode du transfert illégal aux Régions en 2004, les écoles ont souffert de plusieurs « handicaps et dysfonctionnements » que la Cour a détaillés. Elle relève « les contradictions entre l’objectif d’une réforme à coût constant s’inscrivant dans la démarche de la revue générale des politiques publiques et le maintien de quatre sites d’enseignement ».
Le 3 décembre se tiendra un nouveau conseil d’administration. En toute autonomie, ses membres devraient élire Henri Moulinier président. Les résultats de l’audit financier devraient y être présentés. L’épreuve de vérité se rapproche.
Les bonnes années, les quatre sites forment ensemble 160 élèves de la filière A (officier polyvalent) et 60 de la filière B (monovalent) auxquels s’ajoutent, de source syndicale, environ 2 000 stages de formation continue.