« Le pilotage ne serait pas un service d’intérêt général! ». C’est ce qu’on pouvait lire dans le dernier numéro du Journal de la Marine Marchande. La question qui, dès lors, peut légitimement se poser est: qu’est-ce que le pilotage maritime? La définition juridique est donnée par l’article L5341-1 du code des transports: « Le pilotage consiste dans l’assistance donnée aux capitaines par un personnel commissionné par l’État, pour la conduite des navires à l’entrée etc. » En d’autres termes, le pilote assiste, de jour comme de nuit, dans toutes les conditions météo, les capitaines de navires, à l’entrée, à la sortie et dans les eaux resserrées des espaces portuaires.
Une formation à la hauteur des enjeux…
Être nommé pilote dans un port, c’est d’abord être breveté capitaine de la marine marchande, avoir navigué 72 mois au long cours, avoir suivi une formation spécifique validée par la réussite d’un concours de recrutement, organisé par la puissance publique. C’est enfin un parcours formel de qualification de 5 à 10 ans, selon les ports, avant d’être reconnu apte à piloter dans toutes les conditions, des navires de tous types et de toutes tailles.
Ce parcours très sélectif, strictement encadré par l’administration maritime, trouve sa raison d’être dans la nature de la mission rappelée préalablement.
Si, de tout temps, la mission du pilotage reste la même, les conditions de son exercice sont en constante évolution. Les pilotes maritimes s’y adaptent en permanence en étroite collaboration avec l’ensemble des services ou intervenants portuaires.
À titre d’exemple, on peut citer: la possibilité d’accueillir des navires toujours plus grands et d’anticiper les évolutions à venir, grâce notamment aux simulateurs de manœuvres dont les stations de pilotage se sont équipées; une organisation qui permet une adaptation rapide des effectifs et des équipements aux véritables besoins et attentes des places portuaires pour contribuer à leur compétitivité; des matériels innovants plus précis, plus rapides, moins consommateurs d’énergie et plus respectueux de l’environnement, pour servir les navires, plus loin, plus vite et par tous les temps.
Mais les évolutions technologiques ne sont rien sans les hommes. La formation continue des pilotes maritimes est la pierre angulaire de leur profession. Pour accueillir, en garantissant des conditions optimales de sécurité dans les ports français, des navires toujours plus grands, à haute technologie embarquée, armés par des équipages multinationaux et parfois très réduits, les pilotes maritimes réactualisent en permanence leurs connaissances techniques ou de gestion des ressources humaines en passerelle (Bridge Ressource Management).
Au travers de la certification qualité obtenue il y a plus de quinze ans et revalidée régulièrement (ISO 9001-2008 en 2009), c’est l’ensemble des pilotes maritimes français qui répondent à cette norme internationale tant dans leur parcours de formation que dans leur mode d’organisation.
Cette mission première est essentielle, mais elle n’est pas la seule. Dans toutes les places portuaires, les pilotes maritimes s’impliquent dans le tissu économique local ou régional. Ils sont membres des unions maritimes et portuaires, ils participent à la vie des chambres ou tribunaux de commerce. Ils apportent leur vision spécifique « entre mer et terre » dans les conseils de développement des Grands ports maritimes ou dans les conseils portuaires. De même dans les conseils maritimes de façade, ils contribuent à concilier les impératifs économiques du transport maritime et la nécessaire protection du milieu marin. Restant fidèles à leur identité de marins, on les retrouve dans les équipes d’intervention et d’évaluation héliportées sur les navires en détresse à proximité des côtes. Ils participent au Mémorandum de Paris qui s’assure au travers du contrôle par l’État du port que les navires « sous-normes » soient contrôlés régulièrement voire bannis des eaux européennes.
Présent à tous les niveaux
Enfin, ils arment, parmi d’autres marins, professionnels ou plaisanciers, les canots de sauvetage de la SNSM. Plus généralement, les pilotes maritimes sont présents dans de très nombreuses instances locales, nationales et internationales traitant de la sécurité, de l’organisation et de la compétitivité maritime et portuaire. Depuis le décret organique Loi de Napoléon signé en 1806, le régime du pilotage maritime en France est codifié. Ces règles ont bien évidemment évolué au fil des temps pour s’adapter aux évolutions du transport maritime, à celles des ports ou plus généralement aux mutations sociétales. De nos jours encore, il faut sans doute rappeler que la profession de pilote maritime est cadrée dans un corpus réglementaire national et local régulièrement mis à jour dans le strict respect des normes de formation et de procédures opérationnelles pour les pilotes maritimes édictées par l’Organisation maritime internationale (Rec. A960 du 05/12/03). La dernière révision législative des textes de la profession date de la fin 2010 avec la parution du nouveau code des transports.
Lors de la conférence sur la politique portuaire qui s’est tenue à Bruxelles les 24 et 25 septembre, le cabinet PWC a dévoilé les résultats d’une enquête de satisfaction sur les services portuaires. Réalisée à la demande de la commission européenne, elle a montré, pour le pilotage, un très bon niveau de qualité de service (90 %) mais aussi, reconnaissons-le quelques points d’améliorations. Afin de continuer à favoriser le développement de leurs ports, auxquels ils sont indissociablement liés, les pilotes maritimes ont toujours été, sont et demeureront à l’écoute de tous les acteurs des places portuaires, pour débattre dans un esprit constructif et répondre au mieux aux attentes de chacun. Ainsi, ils serviront l’intérêt collectif de la sécurité, de la surveillance environnementale aussi bien que de l’économie maritime et portuaire.
Oui, le pilote maritime est conseiller du capitaine, il en est fier! Est-il plus que cela? Chacun a maintenant les informations nécessaires pour en juger!
